Eglise de Heaven Island

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Des pas resonnèrent dans le silence de l'église...une odeur d'encens montait vers les clefs de voûtes. Les anges de pierre aux yeux aveugles tendaient les mains vers un christ de bois....
Un visage couché sur l'épaule....une couronne d'épines....
*Toi qui enlève les péchés du monde....prends pitié de nous.....*

Deux doigts fins trempèrent dans l'eau bénite....une jeune femme au visage voilé par une mantille se signa...
*Toi qui enlève les péchés du monde...*
Mains jointes, tête baissée, la jeune femme cherchait dans le silence de son coeur devenu froid, les raisons de continuer....
*Prends pitié de nous...*
Deux yeux gris imploraient le ciel..imploraient ce Dieu qui l'avait abandonnée...une lumière filtrait au travers des vitraux..scènes où le christ souffrait et saignait la haine des enfants de Dieu.
Joy se perdait dans les couleur de ces vitres...dans les visages penchés vers l'avant...dans les larmes de la Vierge....dans ces anges déchirant les nuages...ces fidèles aux mains jointes attendant une miséricorde, les yeux levés vers le ciel.

*Père, Dieu de tendresse et de miséricorde, j’ai péché contre Toi et mes frères.....Je ne suis pas digne d’être appelée ton enfant, mais près de Toi se trouve le pardon.
Accueille mon repentir.
Que ton Esprit me donne la force de vivre selon ton amour....*
*Donne-moi la force...prends pitié de moi....*

Les flammes des bougies vacillèrent...la grande porte de l'église résonna dans le coeur du Phénix....

Joy se releva...se signa à nouveau....
Tête baissée elle se dirigea vers le confessionnal....Le pêre Carmello venait d'y entrer...
Le panneau glissa et découvrit le visage du prêtre à travers la grille de bois...

Pardonnez-moi mon père parce que j'ai péché....
Depuis combien de temps ne vous êtes-vous pas confessée mon enfant?
Depuis 3 ans...
Et Joy lui raconta le monstre qu'elle était....chuchottant la mort qu'elle distribuait par vengeance....implorant le pardon....
Et des mots comme regrets...espoir....remords résonnèrent dans la cage sacrée...
Le prêtre hochait lentement la tête...
Vous savez tout mon père....
les mains jointes de Joy se séparèrent....
Vous savez qui je suis....
La sac ouvert à ses pieds...
Vous savez ce que j'ai fait...
les longs doigts fins vissèrent le silencieux.
le prêtre fit le signe de croix afin d'octroyer le pardon du seigneur....
Pardonnez-moi....

La porte du confessionnal s'ouvrit.....un prêtre semblait dormir la tête contre la planche de sa cage de bois...les yeux ouverts...une balle entre les deux yeux....
Joy inspira profondément....
Elle leva les yeux vers le christ qui sommeillait suspendu à des filins de métal.
Dans sa logique Joy punissait les traîtres.....elle pensait que cela était juste et bon....Elle protègerait les siens au nom de l'amour qu'elle leur portait...au nom de cette adoration presque fanatique qu'elle éprouvait pour l'homme qu'elle avait épousé....
Punition divine...malédiction des hommes....loi du talion...s'abattraient sur ceux qui se mettraient en travers de ce que désirait Joy au plus profond de son âme...
La justice...
Mais ne dit-on pas qu'il faut être Dieu lui même pour appeller la vengeance, justice?

Murmurant un acte de contrition sous les yeux des saints de granit...Joy quitta l'endroit sacré....

*Seigneur....toi qui enlève les péchés du monde...prends pitié de nous*

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Invité

Say My Name - Within Temptation

Vous êtes sur ?
...
de simples crampes pourtant.
...
d'accord. Je passerais ce soir alors. Merci docteur.

...
oui oui je comprends l'urgence de la visite. Je viendrais, c'est promis.

Lucrezia raccrocha, bouleversée.
Elle posa son verre. Elle n'avait que trempé les lèvres dedans mais elle s'arrêtait. Elle ne devait pas. Pourtant Dieu sait qu'elle en avait envie.
Elle regarda vaguement le journal sans vraiment le voir. On ne parlait que du tragique accident qui avait couté la vie à Samuel et Thomas Cohen. Tous les deux travaillaient pour Lucrezia. Ils étaient morts dans un accident de bateau. Leurs corps s'étaient fracassés sur les rochers, les rendant méconnaissables.
Elle prit son manteau et sortit discrètement et sans escorte.

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Seigneur ayez pitié de mon âme.

Lucrezia était à genoux dans cette église. La fraicheur du lieu, cet esprit qui était là, autour d'elle la faisait frémir. Elle se sentait coupable mais presque appaisée.
Les larmes coulaient d'elle même.

Pardonne moi Seigneur, je ne savais pas ce que je faisais.

Elle pencha sa tête entre ses deux mains jointes, dans une prière qu'elle voulait sans fin. Elle se souvenait.
Paolo... mort il y avait déjà un an. Sa vie semblait s'être arrêtée avec lui. Elle s'était remise de son « veuvage », de son divorce. Mais la mort de son frère la tuait à petit feu. Elle buvait trop. Elle en avait conscience mais avait refusé d'assumer. Et maintenant elle était seule, si seule.

Paolo... Si tu savait... Tu me manques tellement...

elle laissa échapper un sanglot, son nom. Se rappeler qui il était.
Elle pensa à Juliana. Veuve à présent qui allait devoir trouver la force de vivre. Elle avait son fils. Comme Lu avait Léonora. Son bébé qui grandissait si vite déjà. Que devait elle faire ? Elle portait les crimes du monde sur ses épaules.

Mon enfant ?

Une main s'était posée sur son épaule. Pour une fois elle n'avait pas craint pour elle. Elle était en paix. Comme si elle était prête à mourir. Étrange sérénité.

Mon père.
Vous avez un souci ?
Tellement.
Le poids de vos responsabilités.
J'en ai tant mon père. Je gère tant de vies. Et je fais toujours les mauvais choix. Dieu m'en veut.
Dieu aime ses enfants.
Je l'ai oublié. Et il se venge. Il m'a pris les gens que j'aimais. Mes maris, mon frère, ma famille. Et si ce n'est pas lui... je m'en charge à sa place.

Le prêtre s'installa à côté de Lucrezia. Il souriait.

Confiez vous mon enfant. Ceci est une confession. Cela ne restera qu'entre Dieu, vous et moi. Je vous le jure.
Je ne peux pas. Je suis désolée.

Elle pleurait tellement qu'elle sentait son âme partir d'elle même de ce corps, de cette vie qu'elle haïssait. Disparaître et oublier. Elle étouffait. Elle porta une main sur sa gorge mais le prêtre la lui ôta.

Confessez vous. Vous verrez combien vous irez mieux.
J'ai fait de graves erreurs. J'ai repris l'oeuvre de mon père. Elle prospère. Ma tour, mes investissements dans l'île en sont la preuve. Mais pour réussir j'ai fait de terribles sacrifices. Mes mariages... ma famille... mon frère, sa femme et leur fils en sont morts. Tout ça à cause de moi.

Sa voix n'était plus qu'un sanglot. Un gémissement de douleur. Lucrezia était à terre. Moralement et physiquement. Ils avaient réussi à la tuer. Sans le savoir.

Et lui... il est mort. Je... j'ai décidé qu'il allait mourir et il est mort. Mais si j'avais su. Mon père... Dieu ne pourra jamais me le pardonner.
Mais si... On peut parfois souhaiter la mort des gens. Mais ce n'est pas grave.
Vous ne comprenez pas hein ? Il... Il m'a trahi. Et je l'ai condamné à mort. Mais... il vient de me tuer aussi.
Je ne comprends pas.
Je ne peux pas en dire plus mon père.
Je reviendrais alors quand vous serez prête.

Il sortit, la laissant seule avec ses démons. Elle pleurait tout son soul. Peut être devait elle quitter l'île. Allait elle le tuer ? Ou se tuer avec ? Elle n'avait pas le droit. Elle était chrétienne. Que ce soit lui ou elle, elle irait en Enfer. Elle irait de toute façon. Mais là... Comment Dieu et les Hommes lui pardonneraient ils ?
La porte grinça derrière elle. Elle savait que c'était Snivi. Il était toujours là lui. Toujours. Elle voulait mourir mais il l'en empêcherait. Il la convaincrait. Elle l'écouterait. Il la réconforterait. Elle l'aimait.

Lu... Que se passe t il ?
on... je... c'est terrible. Nous n'aurions pas du les tuer !
Pourquoi ? Ils avaient des preuves. Daniele les a récupéré à Jerusalem. Et il a donné les corps à leur grand mère qu'elle puisse les enterrer décemment.
Mais ça... non... je n'aurais pas du... j'ai brisé tant de vies !
Lucrezia ce n'est pas la première fois que tu...
Tu ne comprends pas toi non plus ?

Elle s'était levée. Son désespoir se muait en colère. Elle le détestait. Elle détestait tout le monde.

Je suis enceinte ! J'ai tué le père de mon bébé. Tu comprends ?? Et pire... je fais quoi de cet enfant ?

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