Mina pénétra dans l’immense bâtiment de l’agence d’emplois. Il lui fallait trouver au plus vite un travail si elle voulait survivre sur cette île qui semblaient faite pour les riches uniquement. Elle avait vite compris qu’ici il y avait soit ceux qui avaient l’argent donc le pouvoir, et ceux qui travaillaient dur pour gagner de cet argent. Cette île était une véritable usine à fric, mais d’un côté les emplois pour satisfaire aux désirs de ces gens friqués devaient être nombreux.
Seulement en poussant la porte du bureau dans lequel on venait de l’inviter à entrer, Mina savait très bien qu’avec ses études pratiquement inexistantes et ses emplois qui n’avaient jamais vraiment duré dans ces grandes maisons d’Espagne, il ne fallait pas qu’elle espère trouver un travail de ministre.
Et puis Mina avait l’habitude, il suffisait qu’elle ouvre la bouche pour que les gens la cataloguent dans le registre des filles bonnes à travailler comme domestique tout au plus. Bien souvent, il lui suffisait juste de se présenter pour que l‘étiquette soit collée, comme ce fut le cas en ce moment même devant cette femme à l’air pincé, qui devait passer son temps à remonter ses lunettes sur son nez .
- Mademoiselle bonjour, alors que puis-je pour vous?
- Bonyour, yé cherche oun travail ..Bien sour, sinon yéé serais pas vénou vous voir..
- En fait, yé n’ai pas oun curriculum très rempli, youste quelque ménages dans dé youlies maisons.
- Ma croyez-moi, yé sais m’occouper des enfants, préparer lé répas, faire dé la couture…et tenir oun maison..
- Oui, je vois ça.. Et votre nom c’est ?..
- Conception, Melinda, Concita Valasquez
La femme la regarda avec un air de pitié, en baissant les lunettes sur son nez, et regardant Mina par-dessus les verres étroits. Mina se renfrogna dans son siège..
- Pardon?
Mina s’énerva et le ton monta direct.. La jeune femme s’était déjà redressée et se penchait vers l’autre gourde.
- Si parfaitément, yé m’appelle Conception, Melinda, Concita Vélasquez. Si, vous l’avé pas déviné.. Cé espagnol et yé souis fière d’être oune espagnole! Qué ça vous plaise o no.. Yé m’en fous!!..
- Et pouis yé mé débrouillerai sans vous, comme yé lé touyours fait!!
- Gardez donc vos papiers là, Estupida.. Adios !!
D’un geste furieux, Mina balaya tout ce qui se trouvait sur le bureau de la femme, la fusillant du regard avant de tourner les talons, et de partir en claquant la porte… Elle saurait bien trouver un travail sans l’aide de cette imbécile.