Los Angeles

Invité

Bonjour, Lucrezia De Rossi, je viens voir ma sœur, Isabella.
Nous vous attendions. Suivez moi je vous prie.

Lucrezia ôta ses lunettes de soleil. Elle les rangea dans son sac à main et retira son nouveau manteau. Entre son alliance et cette fourrure, nul doute possible, sa richesse était étalée au grand jour. Elle avait revêtue une tenue simple, un pantalon large et un pull léger. Pas de bijoux. Un chignon. Une véritable italienne comme ça. Bella serait heureuse.

On la guida dans un long corridor blanc. Même saine d’esprit, elle se sentait enfermée et malade d’être là… Alors tous ces gens… Elle payait une fortune pour tuer sa sœur à petit feu ?

Tout au fond se trouvait un patio, rempli de fleurs. Personne ne s’y trouvait. Mais autour différentes chambres. Les plus luxueuses. L’infirmière en ouvrit une et laissa passer Lucrezia.

Vous avez droit à une heure. Vous avez de la chance, elle est calme aujourd’hui.

Elle ferma la porte, laissant Lu seule face à sa sœur.

Bella ?

Elle s’avança, cherchant du regard où pouvait être sa sœur. En fait, elle se trouvait dans une suite. Elle disposait d’une chambre, d’une salle de bain, d’une cuisine aménagée aussi. Le tout était sous surveillance 24h/24 évidemment.

Bella ?
Lucrezia ?
Bonjour.

Elle se tenait droite, un peu guindée et perdue. Elle cherchait à se souvenir. Pourquoi voulait elle venir ?

Tu viens voir ma déchéance ?

Non, déjà par pour ça.

Non, je venais prendre de tes nouvelles.
Tu as le droit de téléphoner. Snivi s’en contente.
Je ne suis pas Snivi.
Ouai… Mais on va éviter le sujet je te prie.

Isabella se tenait assise, ou plutôt prostrée dans son canapé, fixant simplement le jardin de l’autre côté de la baie vitrée.

Bella… Je… Je t’apporte des cadeaux.
…
Heu… J’ai amené des photos de tes enfants. Et des lettres aussi.

Le regard de Bella sembla se rallumer à l’évocation de ses enfants.

Ils vont bien ?

Elle se redressa.

Oui ils vont très bien. Ils sont épanouis.
Parles moi d’eux.
Ils vivent avec Juliana… Et moi… Ils vont à l’école, enfin les plus grands. Rachel s’occupe de Chiara et de Leonora.
Léonora ?
C’est ma fille… Tu te souviens ? Snivi a dû t’en parler.
Ah oui… Danny doit être heureux non ?
Danny est mort.
Ta fille n’aura pas de père alors ? Il faut te remarier. Il faut une présence à cette enfant.
C’est fait. Je me suis remariée.
Déjà ? C’est très bien. Très bien… oui c’est bien… j’aimerais voir mes enfants… Tu sais… Tu comprends maintenant.
Je sais Bella.

Lu posa une main sur celle de sa sœur.

Je le sais bien. Mais tu les as menacé. Snivi a eu très peur.
Je suis tellement désolée. Si tu savais à quel point… j’ai… J’ai tellement déraillé… je … Je vais guérir… Récupérer mes enfants… Et Snivi aussi ! On va tout recommancer. Et puis j’aurais un autre enfant… Oui, toutes les mères italiennes ont 4 enfants. Il était temps que tu t’y mettes… tu vas donner un enfant à ton mari ? Comment il s’appelle ?
Greg…
Greg… C’est bien ça Greg comme prénom… Il doit avoir une bonne situation… oui oui… En Italie on épouse un homme de sa condition… Comme Snivi et moi… Et puis… Lu ?
Hum ?

Lucrezia la laissait parler… Le trop plein devait sortir. Elle la comprenait pour une fois. Sa séparation d’avec son mari et ses enfants… C’était terrible. Elle parlait, encore et encore. Un soulagement pour chacune des sœurs, une sorte de thérapie. Pour la première fois de leur vie, ces deux femmes si différentes communiquaient.

Tu as couché avec ?

Lu éclata de rire.

Je viens de me marier Bella. Bien sur que je couche avec lui.
Je ne parle pas de ton mari…. Mais du mien…

Lu baissa les yeux, incapable de soutenir celui de sa sœur.

Ainsi elle avait raison. Mais je ne t’en veux pas après tout. Je sais que vous êtes amis. Et tu viens de te marier… Je le récupèrerais… mais… Mais elle avait raison, comme toujours… tu devrais te méfier… Elle a toujours raison et elle a dit que tu allais beaucoup pleurer bientôt.
Qui a dit ça ?
Maman bien sur. Mais chut… maman a dit qu’on ne devait pas savoir qu’elle venait… mais à toi je peux bien le dire…

Désorientée, Lucrezia se releva. Ainsi sa mère venait ici. Et sûrement régulièrement.

Elle t’as dit quoi d’autre Bella ?
C’est un secreeeet !!! Mais bientôt, nous serons tous réuni ! Paolo, Manuel, toi et moi ! et tous libres.

Lucrezia frissonna. L’heure n’était pas tout à fait passée mais elle ne pouvait en supporter plus… Blême, elle se recula… Saluant sa sœur, lui promettant de revenir avant son retour pour Heaven. La vie est parfois si dure et si cruelle. En sortant dans le couloir, Lu chercha des yeux une infirmière. Elle attrapa par le col la première qui traînait et se fit conduire chez le directeur. La porte claqua derrière elle. Elle lançait des regards meurtriers et son chignon semblait sur le point d’exploser, de même qu’elle. Le directeur leva les yeux et pâlit. Mais son regard était froid. De suite elle comprit… Elle aurait sa peau.

Vous ressemblez à votre sœur.
Vous laissez ma mère la voir ?

Personne n’avait pris soin de dire bonjour. A quoi bon ? Il devait se douter de la raison de sa visite. Quant à Lu, la notion de politesse était oubliée.

Oui, c’est sa seule visite.
Vous savez pourtant qu’elle est recherchée pour tentative de meurtre… Entre autres choses. Et vous ne faites rien ?
Rendez lui visite plus souvent. Vous m’excusez mais j’ai à faire.

La main de Lu s’abattit violemment sur le bureau. L’homme ne semblait pas particulièrement perturbé par ce geste. Il en avait vu d’autres. Il eut un sourire satisfait. De ceux qui savent qu'ils ont remporté une manche.

Et quoi ? Vous comptez me dénoncer ? Votre sœur parle beaucoup… Vous devriez rentrer. Après demain vous reviendrez l’embrasser et puis voilà…
Elle vous paye combien ?
Cher. Très cher.
Je peux vous payer le triple.
Je ne suis pas intéressé. J’ai une dette envers votre mère.
Je vous ferais tuer…
Vous n’en ferez rien… Sinon les secrets de votre famille seront étalés au grand jour… et il y aurait des révélations croustillantes. Je ne vous raccompagne pas.

Lucrezia hésita. Et si c’était du bluff ? Mais pas le moment de tenter le diable. Ses réflexions semblaient satisfaire le directeur.

Nous nous reverrons après demain. Veuillez sortir.
Vous avez 48h pour me donner des renseignements sur elle. Sinon je vous tuerai de mes propres mains… Bonne journée.

Elle avait 48h… 48h pour trouver des informations sur cet homme… pour le tuer au pire.

Elle sentit une vibration dans sa poche. Elle extirpa son portable. C’était le même que celui de Greg. Elle lut le texto :

J’ai trouvé notre homme. RDV au Piazza à 16. Suite 967.

Ambiance

Aaaaaaaah voilà ma charmante épouse......

Greg était encore plus élégant qu'à l'ordinaire, et il se dégageait de lui une assurance extraordinaire.....
Lu entra dans la suite.....il lui décocha un sourire charmeur....elle était tout simplement adorable...et les récentes rondeurs de sa grossesse la rendait encore plus attirante.....

Un homme la cinquantaine était installé dans un des canapés.....

Los Angeles 57138-dustin-hoffman

Greg!!!! Tu ne m'avais pas dit que le futur gouverneur de Heaven était un ange!!!!!
Lu pouffa...le personnage était sympathique....et en une seconde elle comprit que Greg lui avait déniché le meilleur directeur de campagne de l'univers....

Il se leva...lui prit la main, les yeux malicieux, les lunettes sur le bout du nez...

Lucrezia...Greg m'a tant parlé de vous!!!
Ah Oui?
Elle regarda son époux du coin de l'oeil....celui-ci lui fit un grand sourire....
Oui....et je me réjouis de travailler avec vous....si vous voulez bien de moi bien entendu.....
Je crois que nous allons bien nous entendre...Monsieur?
Patrick Hoffman...mais appellez-moi Pat!
Lucrezia de Ross....
Hum....
Pardon...Lucrezia Thorn...
Votre nom de jeune fille est ravissant...il est dommage de le remplacer par le nom de ce vaurien de Greg!!!!!
Lucrezia lui fit un grand sourire..
Oui...décidément je suis certaine que notre association ne pourra m'apporter que des satisfactions!

Bien maintenant que les présentations sont faites Pat, tu dégages!!!! J'ai une furieuse envie de partager un repas en tête à tête avec ma femme.....
Lucrezia fronça les sourcils...
Greg sois raisonnable, et fais moi plaisir, sers nous du champagne.....

Les yeux de Lu brillaient de malice.....

Le drapeau Americain claquait déjà dans son coeur, et sa main droite tentait furieusement de se lever toutes les 5 minutes pour prêter serment....

Ils s'installèrent tous trois une coupe de champagne à la main.....
Pat se racla la gorge et fit un grand sourire....

Je connais Juliana.....je sais aussi que comme elle vous manier mieux un Stechkin APS qu'un rouleau à pâtisserie....
Lucrezia écarquilla les yeux de surprise.....
Greg tentait de cacher son sourire....
Lu....Pat connaît la famille depuis longtemps...tu peux lui faire confiance....

Tu as devant toi un homme capable de vendre un magazine play boy à Georges Michael!!!!!!
Pat éclata de rire.....
J'ai fait mieux, j'ai réussi à me faire payer le repas de midi par Greg....
Greg secoua la tête en levant les yeux au ciel....tandis que Lu éclata de rire

Alors vous êtes l'homme qu'il me faut Pat!!!!

Invité

Bien… Passons aux choses sérieuses…

Pat sortit un bloc note et un stylo qui devait coûter une véritable fortune.

On chiffre déjà vos honoraires ?

Pat se mit à rire.

Non… On verra ça plus tard. Je ne voudrais pas tuer Greg. Nous allons parler de votre programme.
Ah ben ça va être simple… Filez moi votre pognon, soyez sages ou je vous dégomme.
Greeeeg !

Le ton faussement menaçant de Lucrezia fit sourire les deux hommes.

Alors… Vous avez des idées ?
Heu… mais… je ne vous paye pas pour ça ?
Oui et non. Il vaut mieux que vous développiez votre programme et vos formules. Celles que vous présenterez et rabacherez pendant cette campagne expresse.
Je comprends.
Ensuite moi, je me charge de vous faire faire des interviews, de vous y préparer, de faire grimper votre côte de popularité à des sommets, et tout le… Disons… Tralala.
Parfait ! mais euh… Qu’est ce que je dois leur dire ?
À qui donc ? Vos électeurs ?

Lucrezia acquiesça.

Et bien… Voyons… Que reprochez vous à Heaven par exemple... Ce qu'il faut changer ?

Lu se leva et partit servir trois verres. Devant le service elle réflechissait, les sourcils froncés. Greg et Pat la regardaient et attendaient. Elle leva un verre devant ses yeux comme pour juger si la quantité d’alcool était suffisante. Elle afficha soudain un sourire radieux. Elle avait trouvé une idée… Diabolique…
Elle tendit leur verre aux deux hommes, reprit le sien. Elle s’assit tranquillement dans le fauteuil en face de Pat et le fixa, les yeux brillants.

L’insécurité.

Greg immobilisa son verre à quelques millimètres de ses lèvres, tandis que celles de Pat s’étirèrent.

Vous voyez, Heaven devient le repère de truands en tout genre. Il est temps que ça cesse. Il y en a marre des carnages en pleine rue. Je vais mettre fin à ces luttes qui font prendre des risques à nos citoyens honnêtes, respectueux et travailleurs. Je vais passer le Kartcher dans ce tas de bandits qui sont le fléau de notre société.

Pat applaudit alors à tout rompre, ravi, enchanté. Greg explosa soudain de rire après être resté visiblement en apnée un long moment.

Chéri ? Une objection ?
Aucune mon cœur, mais une question… Tu vas être capable de répéter tout ça sans te mettre à rire ?
Enfin bref…

Lu préféra ignorer la remarque de Greg. Après tout à Heaven on la connaissait comme la riche propriétaire d’une tour qui faisait travailler de nombreux chefs d’entreprise tous relativement fortunés. Qu’avaient ils besoin de savoir son passé. Les bons citoyens ne la connaissaient pas vraiment.

Juste un détail… N’avez-vous pas peur qu’un concurrent dévoile votre passé ?
Non…
non ? Juste non ?
Oui, juste non. Je suis une honnête femme. Une femme mariée et qui veut se dévouer pour son île. Voilà l’image que je veux donner. Une femme moderne, qui a une famille, qui travaille, qui respecte son mari et inversement. Qui assume ses origines aussi. Je n’ai jamais fait de mal à qui que ce soit… Point barre.
Mais tes concurrents vont se faire une joie de te descendre.
Et inversement. Je suis honnête…Je ne tue pas… Pas même une mouche… mais je paye pour qu’on les écrase… Si nécessaire. Voilà se passera. Je vais gagner. Quitte à descendre mes adversaires… Physiquement !

Invité

Bon nous tenons d’abord votre thème d’attaque. Maintenant voyons…Quelles valeurs voulez vous défendre ?

Lucrezia croisa ses longues jambes, jouant avec ses talons et admirant soudain le vase à côté d’elle. Greg lui avait fait porter un bouquet de roses le matin même.

Je ne peux malheureusement pas jouer la carte de l’autochtone. Je ne suis pas née sur Heaven et avec les actes de la cousine, je ne peux pas me permettre cette carte. Elle a fait passer ça en humanitaire, on décontamine l'eau, blablabla... mais j'ai aucune envie d'être maraboutée parce que j'ai voulu faire croire que j'étais du coin hein! Et puis bon, les riches ils font dans le social avec les gens du coin... ça me rapporterait quoi de dire "arrêtons de maltraiter les indigènes"... Je vais me faire lyncher. Les riches votent. Et les riches veulent du pognon et se laver la conscience.

Greg opina lentement de la tête. Pat lui parut surpris.

Vous pourriez critiquer votre cousine ?
Critiquer Joy ? Pat… Mon cher, vous avez des tendancessuicidaires.
Non, regardez… Les électeurs… Qui sont ils ? Des gens simples. Une vie tranquille. Quelques difficultés financières parfois. Victimes de l’insécurité. Mais ils s’ennuient. Et ils aiment… Non… ils adooorent les scandales. Alors imaginez les titres… Lucrezia de Rossi rejette les idées de sa cousine. Quelle sera la réaction de Juliana Young ?
Cette fois on est tous morts.
Heu… J’suis pas très convaincue là.
Imaginez encore… Votre discours. Une interview choc… Juliana… ma cousine… Un ange… Mais je ne suis pas d’accord avec la façon qu’elle a de traiter les autochtones. Je vais le lui faire comprendre !
Oulaaaa !

Lucrezia se signa en silence.

Mieux ! Guerre pour Heaven entre les deux cousines italiennes. Multiculturalisme !
C’est ça !
Quoi ? Lu ? Tu n’es pas sérieuse ! Tu vas quand même pas suivre une idée aussi tordue.
Non non… le multiculturalisme…
Oui…
Mais Lu…
écoutez… je suis italienne… Veuve… ma cousine a épousé un coréen, moi je me suis remariée à un afro américain… heu… Nous faut un latino dans la famille.
Hein ?
Ouai super ! Il ne nous manquait que Pepino dans la famille.
Mais ouiiiiiii ! Et si on lui faisait épouser la cousine Rachel ?
Quoi ? Celle que tu voulais me refiler ?
Ouai ! C’est une perle cette fille. Comme ça, on a de tout dans la famille. On ne nous taxera déjà pas de racistes.
Pourquoi pas oui. C’est une carte intéressante à jouer.
Tous des dingues…

Invité

Bon… C’est un bon point, excellent même ! Récapitulons…

Lucrezia se recula au fond du fauteuil avec un soupir fatigué. Elle avait passé son après midi en compagnie de Pat et de Greg à mettre au point son programme politique. Jamais elle n’aurait pensé que cela prendrait tant de temps. À vrai dire jamais elle ne s’était intéressée vraiment à la politique.

Elle frotta son œil endormi. Lentement, elle se leva, passa devant Greg en caressant son épaule et fila au bar se servir un verre de rhum. Elle n’avait pas vu que Greg la suivait. Il l’enlaça par derrière, posant de légers baisers dans son cou. Lu inclina la tête pour lui laisser un plus grand champ d’action.

Ton cœur va bien ?
Oui, ça va… Tu as l’air épuisée.
Au moins autant que toi… Allez on va récapituler…
J’avais d’autres idées en tête…
Pas de souci, promis, après on file dormir !

Lu repartit avec un petit rire de gorge devant le regard faussement outré de Greg. Elle se dandina un peu pour l’agacer et reprit sa place. Lorsqu’il vint s’asseoir en face d’elle, elle frissonna… Le message dans ses yeux était clair… Elle n’était pas prête de dormir.

Donc, vous comptez lutter très activement contre la criminalité. Vous travaillerez activement à divers projets sociaux, allant de ce fait dans la continuité de ce qu’a commencé votre cousine… Elle viendra ?
Je pense qu’on peut compter sur Juliana. Peu importe la manière, elle sera là pour me soutenir au mieux.
Très bien. Pour les questions sur la vie personnelle, votre veuvage vous a evidemment bouleversé mais vous avez surtout pensé à votre fille. Il vous semblait normal de vous remarier au plus vite pour qu’elle ait
un père. Vous avez choisi Greg, un ami, un confident même, avocat reconnu dans l’île… S’il est américain c’est un détail purement fortuit. Dites… Nous risquons d’avoir des conservateurs contre nous… Ils prônent des valeurs familiales… Vous comptez avoir des enfants ensemble ?

La machoire de Lu semblait indépendante du reste de son corps tant elle tomba d’un coup.

Heu… je ne m’étais pas posée la question… Je viens à peine d’avoir une enfant, nous sommes à peine mariés… Il serait bon de prendre notre temps non ?
Non… Enfin oui…mais dans votre discours… Dites que fonder une famille est important… Greg… Qu’en pensez vous ?

Lucrezia détourna le visage vers Greg, impatiente de savoir sa réponse. Elle fut interloquée par sa mine sombre et son regard triste.

Greg ?

Il joignit les mains devant lui et fixa Pat.

Je ne veux pas forcer Lu… Si elle fait un enfant je ne veux pas que ce soit pour des élections. De plus elle est encore très faible.

Soudain elle se sentit mal… Elle l’utilisait trop… Elle oubliait que les autres avaient peut être encore des sentiments. Elle se leva et vint se poster derrière le fauteuil, posant ses mains autour du cou de Greg. Pour lui, elle susurra :

Rassure toi… Nous en aurons un… Plus tard… Et pour nous deux…

Elle se redressa et regarda Pat…

La question est réglée : bébé en projet… Mais aucune date ne pourra être fournie !

Pat acquiesça.

Maintenant… un dernier détail technique…
lequel ?
Votre passé de mafieuse et de tueuse à gage.

Lu roula des yeux. Et voilà… Une petite erreur et hop… On allait lui casser les pieds…

Que nous soyons clairs sur ce sujet, une fois pour toute : ici personne n’a AUCUNE preuve. Je porterai plainte systématiquement pour diffamation.
Interpole ?
Juste des soupçons ! Oh bien sur je suis recherchée en Chine et en Indonésie mais… Enfin moi... Pas moi... Un faux nom !
Quoiiiiiiii ?
Oh pas de quoi fouetter un chat !
Tu déconnes ? Mais… mais… Mais pourquoi je n’étais pas au courant !
Ben ils n’ont pas mon nom… Quant à ma photo… Ben… J’étais très différente pour cette mission là… Je devais peser dans les 90 kilos, je n’avais pas la même coupe, j’avais maquillé mes traits en permanence… la routine quoi…
Personne ne pourrait m’identifier… mais ils ont une vague idée de mon implication.
Dans quoiiii !!! Tain Lu t’abuses !
J’ai tué un ministre… Rho faites pas cette tête ! Il était corrompu, c’était un pédophile et en plus il allait être viré… j’ai juste aidé à faire le ménage… Mais tout n’a pas été parfait sur ce coup là et j’ai dû me mettre au vert deux trois mois…
Bon, je vais me renseigner sur ce coup là quand même…

Pat fixa sa montre…

Une heure du matin… je vais vous laisser… Demain Lucrezia, nous nous occuperons de votre look de campagne et de votre retour à Heaven… il devra avoir lui après demain…
Non, dans trois jours… Après demain je retourne voir ma sœur à l’hôpital.
Très bien… Nous planifierons tout demain… Bonne nuit.

Pat se leva, ajusta sa veste et sortit. Greg se leva à son tour et fit face à Lu…

Tu me réserves combien de surprises du genre ?

Elle noua ses mains autour de son cou et déposa une pluie de baisers sur son visage. Sensuellement, elle se plaqua contre lui.

Des tonnes…
Tu me les diras toutes ?
Vas savoir… Mais là… Il est temps de … dormir…

Avec un coup d’œil suggestif, elle lui prit la main et l’attira dans leur chambre.

Invité

Ambiance

Lu s’étira paresseusement dans le lit. Elle regarda l’heure au réveil matin posé sur son chevet.

7h14

Un peu tôt après la nuit qu’elle venait de passer. Sur son visage flottait un petit sourire satisfait. Décidément Greg savait l’honorer… et plus d’une fois dans la nuit en prime… Quel plaisir… En l’épousant elle avait fait le meilleur choix possible. Elle se demanda d’ailleurs comment une telle perle pouvait être restée célibataire aussi longtemps. Elle devait se réjouir d’avoir pu mettre la main sur lui. Elle embrassa son mari dans le coup. Greg grommela une vague protestation qui la fit rire.

Je sais pourquoi je t’ai épousé… Pour tes réveils joyeux mon amour.

Elle sortit du lit, attrapa au vol un léger kimono en soie pour avoir au moins un bout de tissu sur le dos. Elle fouilla dans la penderie deux tenues. L’une d’elle finit dans un sac de voyage alors que la seconde fut envoyée en volant dans la salle de bain. Elle finit couler l’eau dans la baignoire, ajoutant une large dose de bain moussant. Pendant que la baignoire se remplissait, elle pensait à la veille. Son nouveau look n’était pas si mal… Ses cheveux étaient lisses et disciplinés pour une fois. Ses vêtements étaient plus sérieux, sans être trop stricts… Nettement plus politicienne, mais encore proche des gens. Tout ce qui lui fallait.

La baignoire remplie, elle se glissa avec délectation dans l’eau chaude et fumante. Elle allait passer une drôle de journée…

Pat lui avait assurer un vol retour dans l’après midi et une conférence de presse à 21h… Ce matin elle allait voir sa sœur et surtout le directeur de l’institut. En y songeant, Lu se laissa plonger dans la baignoire, s’immergeant totalement. Elle n’en ressortit que lorsque ses poumons semblèrent prendre feu…
Greg le regardait là avec un drôle de regard. Depuis combien de temps l'observait-il?

Quoi ?
Tu prépares un sale coup ?

Lu fit sa mine la plus innocente.

Moi ? Non… Fini ça.
Je te connais à force. Tu as prévu un truc. Mais je crois que je ne préfère pas savoir.
Au lieu de dire des bêtises viens te baigner avec moi…

Greg lui sourit, s’approcha, caressant doucement son visage.

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Et voilà… presque en retard… Dans le taxi qui l’emmenait à l’institut, Lu maugréa contre les mauvaises manières de Greg. Il avait été trop long… Elle se mit à rire toute seule… Un homme pouvait jamais-t-il être trop long ?
Elle vérifia son chignon impécable. Elle avait déjà l’air d’être au gouvernement.
Le bruit des freins, le chauffeur lui ouvrit la portière. Elle se glissa hors du véhicule, rabaissant les pans de sa robe qui s’étaient légèrement relevés. Elle paya la course et se saisit de son sac de voyage.

Ses talons aiguilles claquaient comme des secondes dans le couloir. Elle avait une démarche un peu trop rapide, montrant son impatience de voir Isabella. On lui assura que sa précédente visite lui avait fait le plus grand bien. Elle poussa un soupir de soulagement en entrant dans sa suite.

Bella ?
Lucrezia ? Tu vas bien ?

Sa soeur semblait aller parfaitement bien. S’en était presque inquiétant.

Très bien et toi ?
Je suis calme… Je… Je prends bien mes médicaments.

Lu posa une main chaleureuse sur l’épaule de sa sœur. Elle commençait à avoir pitié d’elle.

J’en suis heureuse.
Tu… Tu crois que Snivi va… Il va vouloir de moi à nouveau ?

La question lui déchira le cœur. Elle savait parfaitement que non… Ou tellement peu de chances… Cela tiendrait du miracle pour elle… Mais vue sa pathologie, un enfer pour sa famille.

Nous verrons Isabella. Nous verrons. De toute façon tu n'es pas seule. Tu le sais désormais.

Elle resta un moment, partageant des secrets de mères, de sœurs.
L’heure de la séparation approchait et Lucrezia tentait de le retarder le plus possible. Elle finit par se lever, embrassa sa sœur et s’engagea dans le couloir. Elle sortit tranquillement de l’institut en sifflotant. Elle avisa les caméras de sécurité en souriant.

Pauvre type !

Dans la rue, elle sortit son téléphone portable et composa un numéro étranger.

Manuel ? Estoy yo… estas listo ?
Si soy.
Vale… esperas un minuto… treinta segundos… diez…
Puedes ir! se cortan las cámaras de seguridad… vídeo artificial en línea.

Lu fit volte face et pénétra à nouveau dans le hall. Il était 12h01… L’heure à laquelle les infirmières changeaient de postes et discutaient entre elles. Idem pour les surveillants. Tous dans la salle de surveillance devenue inutile…

Elle se faufila dans un couloir et arriva aux doubles portes du bureau de monsieur le directeur. Elle eut un petit sourire sadique. S’il comptait jouer avec elle…

Invité

Ambiance!

Elle ouvrit la porte, appuyant le plus doucement possible. Ne faire aucun bruit, malgré les talons aiguilles. Le plus difficile sans doute. elle entra et regarda le décors. Il affichait avec ostentation ses titres, ses diplômes…

Connerie…

Sa voix fit se retourner le directeur qui était au téléphone.

Je te rappelle. De la visite.

Il raccrocha.

Madame de Rossi…
Thorn !
Pardon… bien sur… Asseyez vous… Que me souhaitez vous ?

Lucrezia s’installa confortablement dans le fauteuil. L’homme, beaucoup trop confiant à son goût, s’assit sur le coin de son bureau, tentant par là de la dominer. Elle inclina la tête et la releva pour le fixer droit dans les yeux.

Je viens pour parler de ma mère.
Voyons… Une thérapie… Je ne prends que sur rendez vous…Mais pour vous je vais faire une faveur… Disons… 50 000$ l’information… je ne vous divulgue aucun lieu… mais je vous raconte notre histoire. Cela vous convient ?

Lucrezia opina. L’homme recula la tête, surpris.

Vous… Vous acceptez ?
Oui. Vous prenez les chèques ?
Heu… oui…
Vous n’auriez pas un stylo par hasard ?

L’homme était un maniaque. Il rangeait avec soin ses affaires. Un toc… Lucrezia avisa discrètement sa montre. Il lui restait 7 minutes avant de se faire griller.
Il fit le tour de son bureau, cherchant à prendre un stylo sans bouger les autres. Lu l’avertit :

Seulement un stylo noir. Je n’écris jamais avec une autre couleur.

Autre toc… Il n’écrivait qu’en bleu. Il gardait un stylo noir au cas où dans un tiroir. Un grand malade. Il avait beau se méfier... Ses tocs l'emportaient...
Pendant ce temps, Lu ouvrait son sac de voyage il tirait son arme fétiche et y ajustant un silencieux. Il releva le nez du tiroir au même moment où Lu pointait le canon vers lui. heureuse précision chirurgicale de tueurs à gage. Elle n’avait pas perdu ses gestes. Elle s’en félicita.

Madame Thorn… Voyons… je vous ai dit… Tout sera dévoilé…
Je prends le risque…
Et vous aller m’abattre là ?
Pas du tout… Vous allez me suivre.
Où allons nous ?
Vous aurez la surprise.
Vous bluffez…
Tout comme vous. On y va ? Ou je vous abat comme le chien que vous êtes ici même ?

L’homme se releva lentement, avisant l’arme chargée. Sur son côté droit. Elle avait rabattu une veste sur son poignet cachant l’arme à la vue des gens. Elle prit le bras de l’homme et avança tranquillement, ne cherchant plus à être discrète. On les salua. Ils sortirent sans être le moins du monde gênés.

Dans la rue, Lu chercha des yeux son contact. Il se gara au même instant devant elle. Elle fit entrer le directeur à l’arrière de la voiture et s’y engouffra ensuite.

Vous m’emmenez où ?
Rho que vous êtes curieux… Et la curiosité est un très vilain défaut. Vous saurez bien assez vite la réponse… Je crains qu’elle ne vous plaise pas.
Manuel… Vamos… Deprisa… al molino de agua.

La voiture fila en direction de la sortie de la ville.

Hors de LA ? Voilà qui est original… ça change des mauvais films de méchants dans les entrepôts.
J’essaye de renouveler le genre.

La voiture finie par se garer près d’un vieux moulin à eau.

Il y a des moulins ici ?
Il faut croire. Allez, sortez… Et inutile de vous dire de ne rien tenter n’est ce pas ?

Ils entrèrent dans le moulin. Il semblait avoir subit une tempête de poussière et une invasion d’araignées. Lu en écrasa plusieurs rageusement.

Manuel, lazàle y aprieta los vínculos ! (*Manuel attache le et serre les liens*)

Manuel tira le directeur sur la roue. Les bras en croix, les pieds liés aussi.

Vous êtes folle.
Sans doute.
Mais il n’y a pas d’eau !
Ah non ? On va arranger ça.

Elle s’approcha d’une bouche d’arrivée d’eau et dévissa les écrous. L’eau commença à suinter des ouvertures, à couler puis à se déverser par des flots. Finalement, l’eau arriva au niveau requis.

Bien… On commence par quoi ? ah oui… ma mère…
Non !

Lu poussa un soupir faussement déçu.

Tant pis. Vous me faites perdre mon temps. Je n’aime pas ça. Manuel !

Manuel tourna la roue et les pieds du directeur pénétrèrent l’eau glacée.

Vous êtes dingue !
Vous vous répétez. On disait donc… ma mère et vous ?
C’est une amie.
Mais encore… Comment une italienne peut connaître un honorable américain ?
Je… Elle va me tuer.
Dommage pour vous. Alors ?

L’homme hésita. Trop longtemps au goût de Lu. Un coup d’œil à Manuel et l’eau arriva aux genoux.

La vache qu’elle est froide.
Manuel, nota. La próxima vez deberemos calentar el agua. *note Manuel. La prochaine fois, chauffer l'eau*
Votre mère venait une fois par an voir sa famille ici. Nous nous sommes rencontrés à une réception.
Vous m’avez dit que vous aviez une dette envers elle. Laquelle ?
S’il vous plait…
Tsss tsss tsss…

L’eau arriva à mi cuisse. L’homme commençait à se tordre.

Laquelle ? Dépêchez vous, si vous tombez en hypothermie je vais rater mon vol. vous n’êtes pas gentil !
Un accident… Je… je suivais un mafieux… Pour troubles psychiatriques…Il venait tous les mois me voir.
Tiens… Surprenant. Ça ne doit pas être héréditaire mais lié au job !
Et… Un jour on m’a forcé à tout dire… Sur son compte… Votre mère m’a tiré de là !
Comment ça ?
Je… rha… C’est froid…
Répondez à la fin…
Je… Dès qu’ils m’ont libéré j’ai prévenu votre mère.
Pourquoi elle.
Pourquoi pas une autre.
À la flotte !

L’eau arriva alors à la taille de l’homme. Avec l’inclinaison de la roue, il serait immergé jusqu’au cou la prochaine fois.

Non… Je ne peux pas….
encore un cran… allez ! Parlez ! Pensez à votre conscience !
Parce qu’il s’agissait de votre père !

Lucrezia blêmit et se recula.

Quand ? Quand était ce ?
Il y a 11 ans ! Peu avant son assassinat… elle a empêché votre père de me tuer ! Vous comprenez ! J’ai une dette.

Lu continuait de reculer. Ça ne pouvait pas être une coïncidence.

Vous savez tout… Vous… Tirez moi de l’eau.
Non.

Sa voix était devenue froide et métallique.

haga rodar *fais rouler*

La roue se mit à tourner et l’homme fut submergé. Lu tira de sa poche une montre.
Ben tiens…
On a mis moins de temps que prévu. Elle hocha la tête et sa victime releva la tête cherchant de l’air.

Vous vous amusez ?
Assez… J’ai tout mon temps…
Je vous ai dit que j’ai des preuves contre …
Hop à la flotte !

Le temps dura un peu plus longtemps cette fois.

Dites moi vous tenez combien de temps en apnée ?
Je n’en sais rien… S’il vous plait…
Vous avez aidé la mauvaise personne.
J’ai… j’ai…
Hop !

Quarante cinq secondes. L’homme devenait fébrile. Ses muscles s’engourdissaient avec le froid.

Ça va ? Une serviette chauffante peut être ?
Je…j’ai des infos sur votre mari !
Mon mari ? Quoi ? Greg a dépassé une bande blanche peut être ?
Non… je ne vous parle pas de lui…mais de Monsieur Daniele Dacci !
Danny ? Parlez !
Seulement si vous me libérez…
Dans vos rêves.
L’information vaut de l’or !
¡Sálgale del agua !

Manuel grogna et il sortit de l’eau. Lu prit son arme et tira une balle dans le genou.

Bien… Vous voulez mourir comment ? J’ai l’art de torturer les gens vous savez ! Alors vous avez le choix. Mort lente, douloureuse et ignoble… Ou mort rapide ! pas plus compliqué !
Pas la moindre chance de…
Non aucune…
Je…. Non…

La deuxième rotule éclata en même temps que le hurlement de son propriétaire.

Alors ? Quoi Danny ?
Jamais ! Salope !
Rho qu’il me parle mal ! je n’aime pas ce manque de respect… Tiens… Attendez …

Lucrezia ouvrit son sac de voyage et sortit un bloc note.

Citation :: Cours de civisme à l’école. Politesse de rigueur.

Je note mon programme politique vous comprenez ! On en était où ?Ah oui… Mon défunt mari…

L’homme dodelina de la tête en rigolant. Ses épaules se soulevaient par saccade.

Qui y a-t-il de drôle ?
Défunt… C’est très drôle !
Hein ?
pobre hombre ! él delirio !
je le crains oui! Ou il cherche à souffrir? Vous êtes masochiste ?

elle s’approcha pour le dévisager. Il lui cracha au visage.

Pfffiiiouu… Quoi Danny… Dernière fois.
Il est vivant votre Danny !
Vivant ?
Oh oui ! Il est même venu voir votre sœur l’autre jour. Vous devriez lui demander.
Ok… Vous avez gagné.

Lucrezia pointa son viseur sur le crâne et…

Et pis non j’ai changé d’avis. À l’eau jusqu’au cou… On verra à l’autopsie si vous êtes mort d’hypothermie ou de vos blessures par balle ! Ciao !

Lucrezia sortit, le port d’une reine et le déhanché d’un félin… Mais le doute dans son esprit.

Invité

Ambiance

Lucrezia monta dans le jet avec la mine des mauvais jours. Derrière elle, Greg n’osait rien dire tant il sentait sa colère.
Il avait tenté dans la limousine qui les conduisait à l’aéroport. Le regard noir qu’elle lui avait lancé avait suffit à le refroidir.
Il ne comprenait pas… Elle avait été voir sa sœur, de bonne humeur et elle était arrivée avec 20 minutes de retard, une nouvelle tenue et surtout cette humeur massacrante qui l’accompagnait dès lors.

Elle passa sans saluer l’hôtesse. Elle s’installa dans le premier fauteuil venu. Elle se félicita d’avoir loué ce jet pour le retour. Elle n’aurait pas supporté de devoir partager cet espace somme toute confiné avec une bande de pies bavasseuses.

Elle posa son front au creux de sa paume et s’accouda pour guetter par le hublot. Elle croisa ses jambes. Elle poussa un soupir frustré en apercevant un minuscule accro à l’un de ses bas. Elle croisa l’autre jambe par-dessus pour ne plus le voir et se mit à pester contre elle et sa façon de faire l’autruche.

Greg passa devant elle pour s’installer devant. Lucrezia le maudit. Il s’éloignait déjà d’elle ? Pff ridicule… s’il était venu à côté d’elle, elle l’aurait rabroué.

Elle ouvrit son sac à main et en sortit un paquet de cigarette. Le paquet du vice et de l’urgence. Quand la tension était trop forte. Quand elle ne savait plus quoi faire… quand…

D’un geste rageur elle écrasa les trois quarts de sa cigarette.

Elle refusait d’y penser mais le fait était là avec de nombreuses conséquences. Si Danny était vivant…
Elle ferma les yeux à cette pensée. Une sorte de vertige la gagnait…
S’il était en vie… Sa fille avait un père… ridicule… Elle en avait déjà un…
S’il était en vie, elle était polygame. La prison pour ça…Elle n’allait pas tomber pour un truc aussi con quand même.

Elle frissonna à cause de la climatisation. Elle pesta sur ces airs conditionnés qui vous frigorifiaient. Elle tira une couverture pour la poser sur ses jambes… Tiens… Elle ne voyait plus l’accro à son bas.

S’il était vivant… pourquoi ? Pourquoi n’était il pas rentré… Elle s’était mariée si vite ça l’aurait effrayé ? Non… Pas Danny… Alors quoi ?

Cela signifiait aussi qu’elle n’était pas mariée à Greg… Qu’elle n’était pas américaine… Sa candidature serait annulée…

Elle n’était pas mariée à Greg… ces quelques mots flottaient
dans sa tête… elle allait lui briser le cœur… Non… Elle ne le permettrait pas…

Ces pensées sombres l’amenèrent au sommeil. Lourd, épuisant, loin du repos auquel elle asspirait.

Greg s’approcha, caressant son visage, écartant cette mèche qui lui barrait le front et qui s’était enlevé du chignon. Il la prit dans ses bras et la souleva comme une plume. Il l’emmena au fond de la carlingue où se trouvait une chambre confortable. Il la déposa sur le lit.

Lu…

Lucrezia se retourna doucement, laissant le confortable matelas l’emmener vers des rêves plus paisibles.

Lu, réveilles toi…

Greg l’embrassait…explorait son corps, embrassait doucement ses sens.

S’il te plait… pour moi…

Lucrezia ouvrit un œil endormi. Ces mots... "besoin"... Il comptait sur elle... Et l'inverse était valable, elle en prenait conscience. Elle déposa un baiser au coin des lèvres de son mari et déposa ses mains autour de son visage.

Viens…. J’ai besoin de toi…

Une main sur son sein... l'autre dégraffait sa jupe, s'égarait... Ces lèvres qui pressaient les siennes. Lentement, Greg la déshabilla, prenant tout son temps. Lu sentait le désir monter en elle, lentement, au milieu de ses sens encore endormis. Et puis l’urgence de la situation… Elle prit les choses en main, ôtant la ceinture, puis la chemise et le pantalon de son mari… nus tous les deux, ils s’enlacèrent, cherchant à s’imbriquer l’un l’autre du mieux qu’ils pouvaient.

Elle cherchait dans ses bras le repos, le plaisir, tant de choses qui lui manquaient…

Il commença des vas et viens en elle, la laissant haletante, dans l’attente du plaisir… elle agrippa les draps… la tension était si forte…il l’embrassa au moment où son cri de jouissance allait résonner…

J’adore quand tu me réveilles comme çaaaaAAAH

Sans comprendre comment, Lucrezia se retrouva en bas du lit, Greg vautré comme une loque sur elle.

Chéri… Tu pèses… C’était quoi ça ?

Soudain, dans la carlingue, la voix éthérée de l’hôtesse résonna.

Monsieur et madame Thorn, veuillez nous excusez… Nous subissons une zone de turbulences. Veuillez rester assis et accrocher vos ceintures…

Lu éclata de rire.

Chut… ils vont savoir ce qu’on fait…
je m’en fiche… Je ne savais que c’était ton fantasme.
De quoi ?
De faire ça dans un avion… Ho je sais… ça doit faire partie du top masculin… La prochaine fois je me déguiserais en hôtesse…

Greg prit un sourire enjôleur…

Vraiment…
Oh oui… Par contre, je crains qu’on ne soit plein de bleus…
On en a vu d’autres…
Oui c’est vrai…

Ils se remirent au lit, prenant soin de se mettre au milieu pour éviter de nouveaux désagréments. Contre sa cuisse, Lucrezia sentit déjà que Greg était en forme… Elle l’embrassa et le regardant dans les yeux…

Je crois que je vous aime Monsieur Thorn.