Le voyage surprise de Célina

Ambiance


Célina s’était retrouvée en face de Manu au décollage et à l’atterrissage mais pendant le vol, elle n’avait pu que lui demander si elle voulait boire ou manger comme aux autres passagers pour le plus grand déplaisir de Manu, qui n’arrivait plus à contenir sa jalousie quand elle voyait son amie discuter avec les autres hôtesses de l’air.

Celles-ci demandaient pourquoi Célina n’avait pas volé pendant presque un mois et si les rumeurs sur son agression étaient vraies. Elle du répondre par l’affirmative tout en sentant un regard de plus en plus colérique dans son dos. Heureusement le voyage arrivait à son terme, elle s’asseya devant Manu comme le prévoyait la procédure. Celle-ci au début lui fit une mine boudeuse, mais qui ne résista pas longtemps à la séparation du au débarquement et au passage de la douane.

Quand Célina retrouva sa compagne celle-ci ne dit rien mais semblait contente de la retrouver.
- Où va t on maintenant ?
- La compagnie nous a réservé une chambre pour la nuit à l’hôtel.
- Hein ? Mais comment…
- Depuis le temps, on est connu comme le loup blanc ! Dit-elle en coupant son amie riant à moitié.
- Bon giorno signora, vorrei due seggi nel prossimo vaporetto per la piazzale Roma per favore ? Demande Célina arrivée au guichet. A peine l’hôtesse récupère t-elle les billets que Manu enchaîne.
- Pourquoi tu lui as sourit ?
- Pardon ? Demanda t-elle tout en se dirigeant vers la sortie.
- Je t’ai vu lui sourire et puis que lui as tu dis ? Insista Manu prenant sa compagne par le bras pour qu'elle s'arrête.
- Je lui ai demandé deux places pour le prochain taxi qui est la bas et arrête de nous faire remarquer ! Tout le monde nous regarde. Fit la jeune femme car Manu avait presque crié.

- Qu’est ce que vous avez à nous regarder comme ça ? Vous avez rien d’autre à faire ? Demanda t-elle en tournant sur elle même regardant tous ceux qui observaient la scène.
- Manu ! Je t’en prie. Si tu continus je reprend l’avion tout de suite, je t’avertie !
- Hum ! Fit Manu y croyant à moitié mais elle n'insista pas.

Elles prirent le taxi et arrivé sur la place firent les trois cents mètres à pied qui les séparait de l’hôtel. Il était magnifique, d’un luxe tapageur.
- Buona sera, signora, che ha annullato una stanza a nome del Scarbonchi !
- Si signora ! Ecco le sue chiavi… il buon soggiorno fra noi !
- Grazie mille ! Fit elle en prenant les clefs que lui tendait la jeune femme derrière son quichet.

Les deux jeunes femmes furent conduites à leur chambre sans que Manu ne desserre les dents. Arrivée dans la chambre, elle continua son silence boudeur tandis que Célina profitait de la vue sur la piazzela Roma et le Canal Grande.

Manu se décida en voyant Célina plongée dans ses pensées à s’approcher d’elle et la prise par la taille avant de lui dire :
- Merci ! Ça me touche beaucoup. C’est une charmante idée que tu as eue là !
- Tant mieux si ça te plait ! Demain on visite et après demain la suite de la surprise t’attend.
- Comment ça la suite ?
- Et oui ! On reste pas à Venise. Mais ne t’inquiète pas j’ai tout prévu. Allez viens par-là, tu as un esclandre à te faire pardonner !
Fit Célina en attirant Manu vers le lit l’œil malicieux.

Ambiance

Célina et Manu sortirent de l’hôtel et prirent la direction de la Place Saint Marc.
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Elles passèrent la matinée à visiter la basilique suivit du Campanile afin d’avoir une vue d’ensemble de la ville puis le palais des Doges et après un arrêt au Café Florian, elle s’attaquèrent au Pont des Soupirs puis revinrent vers de grands bâtiments en forme de « U » qui sont les Procuraties dont les arcades abritent le musée Correr qui relate l’histoire de la ville.

La journée tirait à sa fin mais pourtant Célina tint à ce qu’elles prirent une gondole afin de se rendre au pont du Rialto, pont principal de la ville.
http://www.linternaute.com/voyage/italie/venise/photo/854/le-pont-du-rialto

Et elles terminèrent la journée dans La Galerie de l’Accademia, musée où se trouve une des plus prestigieuse collections de peintures vénitiennes. Elles eurent tout juste le temps de le visiter avant qu’il ne ferme ses portes.

Célina emmena, ensuite, Manu dans un des plus réputés restaurants de la ville où elles dînèrent tranquillement. Manu ne fit aucun commentaire ni aucune crise quand Célina parlait à une hôtesse. Cela la surpris grandement mais elle non plus ne dit mot, trop heureuse de passer de si bons moments avec son amie.
Cette journée fut magique et elle se mit à regretter de devoir partir le lendemain aux aurores, après tout, c’était son idée et tout était déjà prévu. Après ce dîner en amoureux, elles passèrent une dernière fois sous le pont des soupirs afin de se rendre à leur hôtel où elles passèrent la nuit enlacées, s’endormant presque aussitôt tant la journée avait été longue et éprouvantes.

Après un petit déjeuner rapide, les deux jeunes femmes libérèrent leurs chambres et se dirigèrent vers le vaporetto qui allait les ramener à l'aéroport. Dès leur sortie, elles se dirigèrent vers l'un des guichets d'enregistrement. Elle y reconnue une ancienne collègue qui avait cessé de voler. Elles prirent rapidement de leurs nouvelles puis Célina lui dit le plus vite possible afin de limiter les chances de Manu de comprendre la destination : Riserva due luoghi per il volo di Tokio in due ore. (J'ai réservé deux sièges pour le vol de Tokyo dans deux heures).

Pendant ce temps, Emmanuelle plaça son sac sur le tapis roulant machinalement. Elle regarda surprise Célina puis devant l'effort de celle-ci pour garder un visage impassible, elle fit un pas en arrière.
- Ah si ! Ma che viaggio. C'é un régalo per la tua amica ? (Ah Oui ! Mais quel voyage. C'est un cadeau pour ton amie ? Lui demanda t-elle tout en remplissant les papiers.
- Si ! Ma non sa anchora nulla. (Oui ! Mais elle ne sait rien encore Répondit Célina en posant son sac sur le tapis roulant
- Perchè ? demanda t-elle en jetant un oeil à la jeune femme qui les observait d'un regard à la fois noir et surpris. Elle reporta son attention aux sacs et leur installa les colliers.
- Una sorpresa è una sorpresa (Une surprise est une surprise) fit-elle en prenant les billets. Grazie e arrivederci ! (Merci et au revoir) fit-elle en commençant à s'éloigner.
- Sono felice di Lei di avere incontrato, ciao Célina ! (je suis heureuse de t'avoir rencontrée, salut Célina !)
- Anche mi, Ciao ! (Moi aussi, salut !) répondit-elle alors qu'elle était déjà sortie de la file d'attente.

Célina n'eut le temps de faire que deux pas avant qu'Emmanuelle ne la rattrape et lui demande :
- Qu'est ce qui se passe ? Pourquoi as tu laissé ton sac ?
- Allons Manu ! Ne me dit pas que tu n'as pas compris. Répondit Célina un sourire toujours sur les lèvres avant d'enchainer : Oui, je reste avec toi cette fois-ci !
- Quoi ? Manu s'en doutais bien, mais n'osait y croire.
- J'espère que ca te dérange pas ! Lui fit-elle en lui jetant un regard amusé.
- Pfff bien sur que non, bien au contraire ! Depuis le temps que je rale que pendant tes vols je te vois pas assez. Répondit-elle en faisant à moitié la moue, se revoyant dans l'avion et regardant passer Célina dans un va-et-vient incessant.
- Et bien là tu vas m'avoir pour toi toute seule pendant environ dix heures si tout se passe bien.
- Dix... mais alors, on va vraiment à Tokyo ?

Cette fois Célina ne put s'empêcher de rire en voyant la tête de son amie, avant d'acquiesser de la tête. Emmanuelle avait les yeux qui pétillaient. Elle qui avait toujours rêvé d'aller dans ce pays et qui malgré son argent, n'avait jusqu'à maintenant pu assouvir ce rêve. Voilà qu'il devenait réalité grâce à Célina ! Elle ne put s'empêcher de faire éclater sa joie en lui sautant au cou. Son amie resta figée par une telle réaction, mais quand elle la lacha, elle lui fit son plus beau sourire. Le douanier vi passer deux jeunes femmes respirant le bonheur : l'une d'assouvir son rêve, l'autre de la voir ravie de son idée.

Elles montèrent comme prévu dans l'avion une heure et demie plus tard et durent attendre une demie-heure de plus avant que celui-ci ne s'envole. Le trajet se passa à merveille, les deux jeunes femmes passant le temps à rire, de tout, discuter au sujet des visites qu'elles pourraient faire pendant ce séjour de trois jours, car Célina n'avait pas encore précisé ce point, il était prévu qu'elles ne restent que trois jours !

Arrivée à destination, elles se dirigèrent vers le comptoire de la compagnie où Célina reçut une clef et un plan succint pour se rendre à l'hotel. Elles prirent le premier taxi et après lui avoir montré le nom et l'adresse, qui les y conduirent. Elles sortirent et après avoir pris leur bagage, Célina le salua de la tête et lui dit "Arigatou". Il la salua à son tour et pris congé avant de repartir.

Elles entrèrent ensuite dans l'hôtel et s'arrêtèrent devant la jeune réceptionniste. Célina, avec un léger sourire, lui dit :
- kon'nichiha, my name is Célina Scarbonchi. I booked a room for two, please.

La jeune femme regarda un instant, son écran puis regardant tour à tour, Manu et sa compagne et leur répondit :
- Yes. Here is your key. This 15-room on the first floor ladies. Be welcome here.
- Arigatou. Good end to day. Répondit Célina.

Elles montèrent dans leur chambre, prirent une bonne douche avant de défaire leur bagage. Le soir, elles se rendirent au restaurant en face qui était un petit établissement traditionnel. Une fois le repas terminé, elles retournèrent dans leur chambre et y passer la nuit.

Manu avait passé une bonne nuit. Elle était vraiment ravie d'être au Japon, elle en avait souvent rêvé et voilà, ça y était. Elle avait hâte de découvrir le pays alors, bien qu'il fût encore bien tôt, elle décida de se lever pour aller prendre un bon bain. Elle fût rapidement rejointe par Célina qui s'était également réveillée et qui se glissa sans bruit dans la mousse, face à sa compagne.

Une fois prêtes, les deux jeunes femmes descendirent. Manu n'avait pas faim, toute à sa hâte de découvrir enfin ce mystérieux pays. Du coup, elles n'allèrent pas prendre de petit déjeuner et, après deux faux départs pour cause d’orientation défaillante, elles étaient enfin en plein cœur de l'Empire du Soleil Levant.

Elles furent surprises par tout ce qu'elles virent, tout ce qu’elles sentirent et entendirent aussi. En fait, il n'y avait aucun bruit nulle part. Même les camions étaient silencieux et personne ne klaxonnait. Pas d’odeur non plus, ici on roule propre ! Propres étaient aussi les rues, impeccables.

"- Waouh Célina, tu as vu ça ! C'est tellement propre ici, on se croirait presque dans un décor de film.
- C'est le Japon, Manu, c'est comme ça. C'est très aseptisé … Ils sont connus pour ça les Japonais …
- Oui oui je le savais, mais je n’imaginais pas que c’était à ce point là malgré tout … Tu m’as vraiment fait une super surprise tu sais. Elle glissa sa main dans celle de la rouquine. Je suis très heureuse d’être ici avec toi. »

Elle glissa un baiser sur le coin des lèvres de Célina et elles se remirent en marche. Manu était amusée par le nombre élevé de piétons en cravates et de cyclistes se partageant le trottoir à petits coups étouffés de sonnette.

« - Viens, nous allons dans le quartier de Shinjuku maintenant, tu vas voir c’est tout à fait différent d’ici … plein de gratte-ciels partout, dépaysement garanti.
- Tu connaissais déjà le Japon toi ou quoi ? Tu sembles si à l’aise dans ce pays … ! »

La douce rousse se contenta de hausser les épaules et d’afficher un petit sourire plein de mystère pour seule réponse. Cette attitude avait le don d’agacer Manu qui se retient de ne pas faire de commentaires désobligeants. Elle détestait ne pas avoir de réponse lorsqu’elle posait une question. Célina savait la toucher au cœur mais elle avait également le godet pour lui taper sur les nerfs.

Les deux jeunes femmes s’engouffrèrent dans une bouche de métro et leurs oreilles furent assaillies par des bruits. Elle fut surprise de découvrir les ados japonais teints en blond pour certains, déguisés en personnages de manga pour d’autres. Il régnait une faune particulière dans le métro. Arrivées à bon port, Manu découvrit avec émerveillement des dizaines et des dizaines de gratte-ciel collés les uns aux autres. Devant l’instance de Célina, Manu accepta de monter au 45° étage de l’un d’entre eux pour profiter d’une superbe vue sur Tokyo.

« - Célina, j’ai faim. Aurais-tu un sympathique resto de sushis sous la main ? »
…

Ambiance obligatoire

- Célina, j’ai faim. Aurais-tu un sympathique resto de sushis sous la main ?
- Bien sur, si tu peux attendre une vingtaine de minutes ? lui dit-elle un sourire malicieux sur les lèvres.
- Bon d'accord !
- Parfait suis moi alors ...

Célina prit Manu par la main et en riant à moitié partit en courant vers la gare. La jeune femme était euphorique, elle savait que Manu était ravie de la surprise, et que c'était pour ca qu'elle acceptait ce "retard". Arrivée à destination, les deux jeunes femmes, observirent une ancienne locomotive à vapeur sur la grande place à la sortie de la station "Shinbashi" de la ligne Yamanote et Tokaido de JR. Pendant qu'Emmanuelle regardait la machine, surprise de voir cela à cet endroit, Célina lui expliqua la raison de sa présence :



- Ce quartier a accueillit le premier terminus (ouvert le 10 octobre 1872) de la ligne de train qui partait vers Yokohama et plus tard vers les grandes villes du Japon de l'ouest : la ligne "Tokaido". Au moment de la création de la ligne circulaire Yamanote, une nouvelle gare appelée "Karasumori" fut construite (en 1909) non loin de l'ancienne à l'emplacement de la gare actuelle. Par la suite, la ligne Tokaido fut prolongée jusqu'à la gare de Tokyo (en 1914). Cette gare, Karasumori, fut alors rebaptisée "Shinbashi". C'est maintenant aussi le terminus de la nouvelle ligne automatique "Yurikamome" qui mène à l'île artificielle "Odaiba" où se sont installés, entre autre, la télévision Fuji TV et les nouveaux centres d'expositions, Big Sight. La ligne Yamanote sépare le quartier de Shinbashi en deux parties de styles opposés: le côté Ouest (Nishi Shinbashi) et le côté Est (Shiodome). Le premier marque plutot l'époque ancienne et c'est là où nous allons. Du côté "Est" se dressent de très grands immeubles. Les gratte-ciels que nous pouvons voir d'ici, sont ceux de "Shiodome City Center" (210m) et celui de la société de publicité "Dentsu" (215m) un peu plus à gauche. Plusieurs de ces grands bâtiments sont occupés par des hôtels qui proposent une vue imprenable sur l'agglomération ou sur la baie de Tokyo. Ces bâtiments sont reliés par des rues souterraines en prolongement des couloirs des lignes de métro. Leur rez-de-chaussée ou leur sous-sol sont aménagés en centre commercial et en village de restaurants.

- Vas-tu me dire comment tu sais tout ca ?
- Plus tard... promis ! Ajouta t-elle devant le regard renfrogné de sa compagne.

Les deux jeunes femmes pouvaient voir la locomotives entourée d'écrans vidéo diffusant à longueur de temps des publicités très sonores. Cependant, ce côté Ouest gardait le charme des vieux quartiers de Tokyo, comme l'avait signalé Célina. Derrière les grandes rues bordées d'immeubles d'hauteur moyenne, de nombreuses petites maisons, quelques unes très anciennes, étaient collées les unes aux autres. Ces pâté de maison, souvent séparés par des ruelles, abritaient encore des très vieux cafés, restaurants, boutiques et des ateliers d'artisans. C'est dans cette direction que se dirigea Célina suivit de près par une Manu regardant de tous cotés, s'en mettant plein les mirettes. La jeune hôtesse de l'air se sentait sur un petit nuage voyant son amie si heureuse, appréciant tous ce qui se présentait sous ces yeux, son nez ou ces oreilles. Elles arrivèrent, au bout d'une ruelle, devant un établissement qui ne payait pas de mine mais que visiblement la jeune femme connaissait fort bien.



Elle entra sans autre formalité. La porte, à peine refermée derrière une Emmanuelle émerveillée par la décoration traditionnelle, fit apparaître une jeune femme en kimono bleu. Elle les salua sans faire attention à qui elle s'adressait.



Célina fit de même vis-à-vis de la jeune femme, de l'homme derrière le comptoir et des clients déjà présent. Elle jeta un regard à sa compagne pour l'inciter à en faire autant. Celle-ci s'exécuta, surprise par cette coutume pendant que Célina prenait la parole s'adressant à la jeune femme qui lui faisait face :
- kon'ban'ha Saori.
- Oh Bonsoir Célina ! Quelle surprise. Toi ici ? Mais tu es arrivée quand ?
- Hier... nous sommes arrivées hier à l'hôtel. Permets moi de te présenter Emmanuelle de Saint Roman, mon amie. Manu, voici Saori Kido, avec qui j'ai fait équipe pendant longtemps.
- Enchantée Madame ! fit Manu en lui tendant la main.
- **Moi de même...** en la lui serrant un grand sourire fendant son visage.
- As tu une table pour nous ? demanda Céline qui s'inquiétait de la réaction de sa compagne.
- *Mais oui ! Bien sur... suivez moi !*

La jeune asiatique les amena à une table au fond du restaurant à l'écart des autres clients, tous des hommes.
- *Désirez vous boire quelques choses ? *
- *Oui mais de l'eau s'il te plait ! *
- *TRès bien ! Voici le menu en attendant.*

Elle leur montra une ardoise derrière le comptoire où était cuit les plats commandés, puis retourna dans la cuisine, les laissant seule. Les autres clients les observaient d'un oeil curieux. Célina évitait leur regard comme celui de Manu, elle observait plus intensément la planche qu'il ne l'aurait fallut : elle attendait avec inquiètude, le moment des explications.

(hrp : les dialogues entre * - * sont en anglais, ceux entres ** - ** en japonnais. Le reste des dialogues en français dans le texte.)

Manu avait suivit Célina dans une enfilade de petites rues, de grandes avenues et elle ne savait plus du tout s’orienter. Si sa compagne avait voulu la perdre, c’était réussi. Elle était ravie du cadeau, elle appréciait la surprise à sa juste valeur. Elle avait l’impression de ne pas avoir les yeux assez grands pour enregistrer toutes les images qui s’offraient à sa vue.

Cependant, sa bonne humeur fût mise à mal lorsque Célina l’entraina dans un petit restaurant traditionnel. Elle semblait connaître cet endroit par cœur et, au grand dam de Manu, elle semblait également très bien connaître la jeune Japonaise en kimono bleu qui régnait sur l’endroit.

Elle boudait déjà à moitié en s’essayant et n’avait écouté les propos de la Japonaise que d’une oreille distraite et pleine de dédain. Qui était cette fille que la rouquine semblait si bien connaître ? Manu tapotait ses ongles sur la table tandis que Célina prenait l’air inspiré par l’ardoise face à elle.

« - C’est qui cette fille ? !
- Je te l’ai dit, j’ai longtemps travaillé avec elle.
- Travailler ? Tu te fous de moi ou quoi ? Tu as vu les œillades qu’elle te lançait ? ! Et puis je croyais que tu avais à moitié perdu la tête ... non ? tu n'es pas "parfois" amnésique ?
- Oh Manu, tout se passait bien jusqu'ici ... tu ne vas quand même pas tout gâcher par ta mauvaise humeur s’il te plait.
- Quelle mauvaise humeur ? Je constate simplement que Madame s’est donné du bon temps sous prétexte de travail …
- Arrête ! Cesse cette jalousie mal placée et totalement non fondée en plus. »

Manu jeta un œil du côté de la Japonaise qui semblait occupée avec d’autres clients.

« - Ca ne te dérange pas qu’elle s’occupe des autres ? Ca gâche un peu les retrouvailles … hein ?
- Manu … soupira la rouquine
- Je peux m’éclipser aussi bien entendu si besoin … Pour vous laisser tout loisir de …
- Je t’en prie, ça tourne au ridicule là. Choisissons plutôt ce que nous allons manger non ?
- Je n’ai plus très faim. Je ne prendrais que quelques sushis … En éspérant que ta copine Saori Truc ne cherchera pas à m’empoisonner. »

Célina avait l’air totalement desarmée devant la mauvaise foi et la jalousie de sa compagne. Pourtant, elle connaissait bien le caractère de cette dernière et elle ne devrait plus en être étonnée. Manu quant à elle continuait à tapoter la table en attendant que l’amie de Célina vienne prendre leur commande. Enfin, lorsque Saori Kido s’avança vers leur table, elle ne lui adressa aucun sourire.

« - Vous avez choisi ?
- Je vais prendre sushis et sashimis … Quant à Célina, vous devez savoir ce qu’elle aime non ? ! »

Manu adressa un sourire plein d’ironie à la jeune Japonaise avant de planter son regard froid dans celui de Célina.

…

Ambiance Obligatoire

Saori regarda Manu avec de grands yeux, ne comprenant pas ce qu'il se passait, puis se reprit très vite et reporta son attention sur Célina qui lui dit tout de go :
- **Excuse nous mais ne cherches pas à comprendre** Sers moi la même chose s'il te plait !
- **Tu es toute excusée.** *Je vous apporte votre commande de suite*

Elle lui fit un léger sourire. La jeune asiatique retourna derrière le comptoire, donna la commande et observa discrètement les deux jeunes femmes.
- Je suppose que tu lui as donné rendez-vous ? Fit Manu en libérant ses baguettes de leur enveloppe de papier.

Célina posa ses deux bras sur la table la séparant de Manu, en la regardant droit dans les yeux. On pouvait voir tous les efforts qu'elle fournissait pour rester calme, toutefois sa voix se fit plus dur qu'à l'accoutumée :
- Bon ! Alors, que les choses soient claires : je ne me souviens pas de cet accident et de ma vie avant, soit, mais ca ne veut pas dire que j'oublies tout au fur et à mesure. Ca fait deux ans que je voles en long courrier, et tu m'as rencontré justement lors d'un de ces vols. Saori y était aussi d'ailleurs ! Je ne suis pas venue ici par hasard comme tu t'en doutes. Je voulais te faire une surprise en...
- En me présentant ton ex ? Tu parles d'une surprise. J'aurais pu m'en passer tu sais ?

Célina ferma les yeux tout en soupirant... elle sentait la colère monter, monter. Mais par respect pour son ancienne collègue, elle fit tout pour se maitriser, ne rien laisser voir. Elle les rouvrit, jeta un regard en direction de Saori, qui, justement, revenait avec leur commande.
- Voilà mesdemoiselles ! Bon appétit.
- Arigatoo gozaimasu Saori. La surprise était de... de te demander si tu connaissais quelqu'un susceptible de me remplacer sur le vol de demain soir pour Paris. Mais apparement, Madâââme, me fait une crise de jalousie... alors je sais pas si c'est une bonne idée finalement.

Célina avait regardé l'asiatique au début de sa phrase puis avait dirigé celui-ci sur Emmanuelle quand elle prononça son "madame" avec insistance. Saorie ne sachant quoi répondre, resta de marbre, observant le visage de Manu changer au fur et à mesure qu'elle assimilait les informations. Célina, elle, contenait toujours sa colère, et attendit la réponse de sa compagne.

Emmanuelle était surprise et à la fois touchée par ce qu’elle venait d’entendre mais elle ne voulait rien laisser paraître. Elle appréciait le fait que sa compagne se propose de se faire remplacer pour passer plus de temps avec elle. Mais elle choisit de se composer un visage impassible. Elle ne voulait surtout pas donner une impression de victoire à Célina.

« - Tu souhaites te faire remplacer pour passer une nuit de plus à Tokyo ?
- Je souhaite me faire remplacer pour passer plus de temps avec toi …
- Avec moi ? Sans blague ? Es-tu sûre ?
- Manu tu es … désarmante, pour ne pas dire autre chose. »

Manu joua avec ses baguettes pendant un instant puis elle prit une mèche de ses cheveux qu’elle entreprit de mordiller, signe qu’elle était en train de cogiter. Elle lança les baguettes à travers la table puis posa ses mains bien à plat devant elle.

« - Et si je te disais que dans tous les cas tu seras dans l'avion demain soir ?

Célina sentit comme un coup de couteau dans le ventre. Ainsi Manu lui en voulait-elle vraiment à ce point ?

- Et si je te disais que je n’ai pas envie de rentrer à Heaven … Que j’ai envie de passer quelques jours à Paris … Et ce en ta compagnie … Hein ? Alors ? Qu’en dis-tu ? »

Manu tendit la main en direction de sa compagne et déposa ses doigts délicats sur ceux de Célina. Elle lui adressa un large sourire plein de tendresse. Elle souhaitait ardemment que la rouquine accepte, elle avait vraiment très envie de revoir Paris et ses monuments. Elle avait envie de flâner dans la ville lumière en compagnie de la personne qui comptait le plus pour elle.

« - J’en dis qu’il faut qu’on termine notre déjeuner et qu’on se dépêche de te trouver un billet … ! »

Emmanuelle se mit à sourire, récupéra ses baguettes et croqua à belles dents dans le sushi qu’elle avait attrapé. La vie avait repris un peu de saveur.

...

Ambiance

Emmanuelle et Célina poursuivirent leur repas, l'ambiance entres les deux jeunes femmes était plus détendue et joyeuse. Manu affichait un sourire resplendissant... si fort et soudain que Célina finit par se demander si c'était sa surprise ou le fait de retourner à Paris qui la rendait le plus heureuse. Cependant, elle ne dit mot de son interrogation.

Une fois le repas terminée, elles remercièrent l'asiatique et prirent congès non sans avoir respecté les us et coutumes aussi étranges qu'elles parurent à Manu. Le couple se rendit, à pied, jusqu'à l'aéroport. Ainsi, Manu vu la différence entres les quartiers traditionnels, les nouveaux à base de grands tours d'affaire.

Célina était ravie, il faisait beau, elle visitait le pays dont rêvait sa compagne depuis longtemps et surtout celle-ci était d'une humeur des plus joyeuse depuis la fin du repas. Arrivée devant le guichet, Célina demanda s'il restait une place et, justement, le client précédent venait d'annuler son voyage. Manu prit le billet tendu par l'hôtesse d'acceuil, n'en croyant pas ses yeux ! Célina le fit mettre à son nom afin qu'il soit déduit de sa paie comme à chacun de leur voyage, tout en cachant le rire que lui inspirait la réaction de son amie, malgré son absence durant le vol.

Célina était contrariée par ce fait mais jamais elle ne serait parvenue à expliquer son remplacement tout en prenant le même vol. Cependant, ce qui habituellement rendait Manu folle de jalousie, ne semblait pas lui enlever sa bonne humeur. D'ailleurs, au lieu de lui faire sa crise, son amie l'embrassa.

Le vol se passa fort bien, tant au niveau du vol en lui même qu'au niveau du comportement d'Emmanuelle. Célina crut rêver... elle alla même la voir et lui demander si elle se sentait bien. Ce qui surpris Manu et elle ne manqua pas de le lui faire remarquer créant ainsi un fou rire entres les deux jeunes femmes.

L'avion se posa à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle après un vol de onze heures. Une heure plus tard, Manu retrouvait Célina dans le hall d'entrée. Elle l'acceuillit d'abord par un large sourire puis par un baiser fougueux.
- On y va ? Demanda l'hôtesse de l'air.

Le voyage s'était passé au mieux. Manu était donc d'excellente humeur. Elle était descendue de l'avion toute pimpante et elle n'avait même pas râlé devant le temps d'attente pour récupérer ses bagages. Elle était à Paris, ville qu'elle aime par dessus tout, et celà suffisait à son bonheur.

En attendant que Célina puisse la rejoindre, elle passa quelques coups de fil. A son tour de faire des surprises à sa compagne. Après tout, la rouquine n'avait pas le privilège de faire plaisir. Elle attendit en jetant un oeil sur les titres des journaux puis Célina finit par arriver. Manu lui prit la main et l'entraina à l'extérieur.

"-Tu sembles bien pressée !
- Oui ma Chère, nous avons un taxi à prendre. Viens, dépêche toi avant que quelqu'un ne décide de nous le piquer ...!"

Il ne faisait pas très chaud à Paris, Manu remonta un peu le col de sa veste avant de héler le taxi qu'elle avait commandé un peu plus tôt. Après avoir chargé le coffre du véhicule, les deux jeunes femmes prirent place dans la grosse berline noire.

"- Je vous écoute Mesdames.
- Nous allons au 14, rue Philippe de Champaigne, 13° arrondissement.
Célina parut surprise et elle regarda sa compagne d'un air interrogateur. Manu se contenta de hausser les épaules avec désinvolture.
- Quoi ? Ferme la bouche, on dirait une tanche !
Célina se renfrogna devant le compliment de sa compagne. Décidemment Manu savait se montrer très blessante sans même en avoir conscience.
- Où va-t-on ? Quelle est cette adresse ?
- Un appartement qui appartient à ma famille ... J'ai appelé, nous pouvons y passer quelques jours.
- Mais ...
- Oh c'est bon ne t'en fais pas ! Les clefs seront chez le gardien et, si tout s'est passé comme prévu, mon père se sera occupé de remplir le garde-manger. On n'aura rien à faire. Tu ne verras même pas mes parents si c'est ce qui te tracasse.
- Non je ne suis pas tracassée.
- J'vais te croire tiens ! Tu verrai la tête que tu tires ..."

Célina se contenta de soupirer, elle ne savait pas trop pourquoi mais elle semblait avoir du mal à partager l'enthousiasme d'Emmanuelle. Cette dernière ne s'en apperçut même pas, toute à sa joie d'être en France. Après un trajet un peu chaotique dû à la circulation dense, la voiture se gara enfin dans une petite rue calme à deux pas de la mairie du 13° arondissement de la capitale.

...

Ambiance

Célina fut des plus surprise en peu de temps : l'acceuil chaleureux de Manu, l'annonce que Manu lui avait réservé une surprise, puis se fut le contenu de cette surprise. Elle n'était pas au mieux mais avait du mal à définir pourquoi. Il en était ainsi à chaque fois que son amie l'inviter à ses frais. Etait-ce de la jalousie, une envie irrépréssible de liberté... elle ne savait pas ! La fin du trajet fut des plus silencieux.

Une fois la voiture arrêtée, les deux jeunes femmes en sortirent et aussitôt se dirigèrent vers le gardien, qui s'occupait d'un espace vert.
- Bonjour Alfred ! Lança Manu
- Oh bonjour Mademoiselle... avez vous fait bon voyage ?
- Oui merci ! Alfred je te présente Célina Scarbonchi mon amie et invitée.
- Enchantée Monsieur ! Fit Célina... piqué par son statut d'"invité".

N'était elle donc que cela ? Une invitée ! Les parents de Manu avait toujours mal vu leur couple, estimant qu'une hôtesse de l'air n'était pas assez bien pour leur fille chérie. Le gardien répondit l'air pinçé :
- Moi de même Mademoiselle. Tout est prêt, les courses ont été faites et je viens d'allumer un bon feu de cheminée pour réchauffer un peu.
- Merci Alfred ! Pourriez vous monter nos bagages dans notre chambre ? Fit Manu avant d'ajouter à l'adresse de Célina : Tu viens on va en profiter ?
- Bien mademoiselle répondit-il avant de se diriger vers la voiture en jetant un regard en biais au deux jeunes femmes courant vers l'intérieur de la bâtisse.

Elles s'allongèrent devant la cheminée, sur un tapis en fourure. Manu prit son amie dans ses bras et commença à l'embrasser tout d'abord doucement puis de plus en plus appuyé, afin qu'elle arrête de bouder. La température monta vite dans la pièce malgré la double vexation ressentie par Célina. Celle-ci avait fini par craquer.

Manu ouvrit lentement les yeux. Elle s'était endormie, couchée sur le sol, le nez dans les cheveux de Célina. Elle s'étira en baillant. Il était tard, elle avait envie de regagner son lit pour terminer la nuit plus douillettement. D'un geste plein de tendresse, elle secoua légèrement l'épaule de sa compagne.

"- Célina, réveille-toi ... On sera mieux au lit que là par terre.
La rouquine ouvrit vaguement les yeux.
- Quoi ?
- On s'est endormi par terre. Viens par-là, lève-toi, on va se coucher."

Célina se frotta les yeux et prit la main qu'Emmanuelle lui tendait. Ensemble, elles rejoignirent la grande chambre. C'était une vaste pièce aux murs couleur crème couverts de photos en noir et blancs. On pouvait reconnaître Manu sur certaines d'entre elles. Au centre de la pièce trônait un grand lit en chêne, Manu couru se mettre sous la couette épaisse, rapidement suivie par Célina. Elle s'endormit aussitôt.

Elle ne s'éveilla que lorsque le soleil commença à filtrer au travers des persiennes. Elle décida de laisser l'hôtesse de l'air faire la grasse matinée. Elle en profita pour se plonger avec délice dans un bain moussant parfumé à la fraise. Elle souffla sur la mousse pour s'amuser tout en profitant de l'instant de plénitude qui s'offrait à elle. Elle observait avec amusement la forme des feuilles de la plante verte qui était posée sur le haut d'une colonne d'ornement.

Quand l'eau fût froide et lorsque sa peau commençait à être ridée, Emmanuelle sortit du bain et s'enroula dans un peignoir moelleux. Elle se sentait bien à Paris et dans cet appartement en particulier. A la cuisine, elle se prépara un bol de céréales qu'elle alla prendre sur un bout de la table du salon. Elle se saisit d'un album photo et se mit à le feuilleter un sourire aux lèvres. Elle n'entendit pas Célina arriver, elle ne remarqua sa présence que lorsque sa compagne lui glissa ses mains froides dans le cou. Elle éclata d'un rire cristallin.

"- Tu m'as fait peur idiote.
Elle se tourna vers Célina et elle découvrit qu'elle était encore nue.
- Quelle indécence ma Chère !... Imagine un peu que mes parents soient dans les parages.
- Mais ... Tu m'as dit que nous étions seules ici ... Non ?
- Oui ! J'avais juste envie de te taquiner. Ceci dit, si tu pouvais éviter de te trémousser devant la baie vitrée.
Célina se décala vivement sous le regard amusé de Manu.
- Tu peux aller te faire un petit déj' et aussi me dire ce que tu aurais envie de faire aujourd'hui. Tu proposes, je dispose."

...

La soirée avait été des plus torrides entres les deux jeunes femmes au point qu'elles finirent par s'endormir dans les bras l'une de l'autre devant la cheminée. Célina fut réveillée, une première fois, par sa comapagne afin qu'elles aillent finir la nuit dans le lit au chaud sous la couette. Elle émergea de ses songes, véritablement, dans le lit, alors que le soleil était haut dans le ciel, mais seule. La jeune femme appella mais personne ne lui répondit ce qui fit tiquer Célina. Le sentiment de solitude et d'abandon qu'elle ressentit la piqua et elle se leva, sans faire attention à sa tenue, retrouver son amie. Emmanuelle était en train de feuilleter un album photo, et étant dans ses souvenirs, elle n'entendit pas Célina arriver, elle ne remarqua sa présence que lorsque sa compagne lui glissa ses mains froides dans le cou et éclata d'un rire cristallin quand Manu sursauta légèrement.

- Tu m'as fait peur idiote.
Elle se tourna vers Célina et elle découvrit qu'elle était encore nue.
- Quelle indécence ma Chère !... Imagine un peu que mes parents soient dans les parages.
- Mais ... Tu m'as dit que nous étions seules ici ... Non ? Célina perdit instantanément son sourire.
- Oui ! J'avais juste envie de te taquiner. Ceci dit, si tu pouvais éviter de te trémousser devant la baie vitrée.
Célina se décala vivement sous le regard amusé de Manu.
- Tu peux aller te faire un petit déj' et aussi me dire ce que tu aurais envie de faire aujourd'hui. Tu proposes, je dispose.

Célina resta interdite en entendant la remarque de son amie. Elle qui commandait ou, d'après les termes de Manu, choisissait toujours : là elle se proposait de suivre. Elle se fit un masque et prit la direction de la cuisine, évitant soigneusement, baie vitrée et fenêtres. Tout en préparant son repas, elle répondit à Emmanuelle :
- Ce que j'aimerais faire ? Voilà une bonne question. Il me semble avoir lu qu'au musée du Quai d'Orsay, il y avait une exposition sur la "peinture et les voyages". Sinon Ca fait longtemps qu'on est pas allée au musée du Louvre, leur expositions temporaires sont intéressantes en général... si ca te convient bien sûr ?
- Pas de soucis...

Emmanuelle partit s'habiller pendant que Célina se sustenter. Puis, elle prit une douche rapide, s'habilla de manière détendue. Et elles partirent toutes deux main dans la main, un sourire sur le visage de chacune.

Le Louvre était un des endroits préférés d'Emmanuelle. Elle adorait y flâner lorsqu'elle était dans la capitale française. Un de ses plaisirs était de s'asseoir dans la cour Marly parmi les statues pour pouvoir observer en toute tranquillité la horde de touristes qui prenait d'assault le musée sans doute le plus connu au monde.

Elle se serait attendue à plus d'originalité de la part de sa compagne mais elle en prit son parti et c'est le sourire aux lèvres qu'elles arrivérent devant les bornes automatiques pour prendre leurs billets d'entrée. Manu dégaina sa carte de crédit avant même que Célina puisse réagir puis elle lui colla son billet entre les doigts. Elles se dirgèrent vers les escalators.

"- Y a du monde !
- Oui ... c'est le Louvre. On pouvait s'y attendre ...
- Ca m'agace ! Tout ce monde là me tape sur les nerfs, je sens que je vais rapidement être agacée.
- Ce n'est rien Manu, on est en vacances non ? On peut prendre notre temps.
- Oui enfin c'est tout toi ça ! Avoir envie de visiter le Louvre ! Franchement quelle originalité !
- Tu m'as demandé ce qui me ferait plaisir rappelle toi ... J'ai répondu, tu n'avais qu'à refuser je ne t'ai pas forcée."

Manu se contenta de soupirer et de hausser les épaules. Elle tenta de s'absorber dans la contemplation des oeuvres d'art exposées mais elle n'y parvint pas. Elle ne supportait plus la proximité des touristes parlant tout un tas de langues différentes, le brouhaha lui faisait mal aux oreilles. Un sentiment d'oppression la prenait à la gorge, il fallait par tous les moyens qu'elle quitte cet endroit. Elle commençait à avoir le souffle court et la tête lui tournait.

"- Je descends.
- Comment ça tu descends ? Où descends-tu ?
- Prendre l'air, vers les antiquités égyptiennes.
- Prendre l'air ? Là-bas ? Tu te moques de moi ou quoi ? C'est plein de monde là-bas c'est bien connu ..."

Emmanuelle ne répondit rien. Elle ne voulait pas expliquer à sa compagne que la salle dans laquelle elles se trouvaient lui rappellait des souvenirs qu'elle tentait vainement d'oublier pendant des années. Elle passa sa main dans ses cheveux et prit la direction de la sortie pour se rendre dans les salles égyptiennes du musée. Ainsi, éspérait-elle pouvoir retrouver un peu de souffle.

...

Ambiance

Célina vit sa compagne filer sans répondre en direction des escaliers. Elle avait parlé du département des Antiquités égyptiennes, une chance. Manu était partie si vite que Célina n’avait pas eu le temps de la suivre et la perdit donc de vue rapidement avec cette foule. La jeune hôtesse de l’air réussit à se faufiler entres les différents groupes en visite et l'a retrouva devant un sarcophage d'enfant. Manu regardait intensément la vitrine, à tel point, qu’elle ne se rendit pas compte qu’elle n’était plus seule devant celle-ci. Célina l’observa un instant et voyant qu’elle ne réagissait pas, elle se décida à lui parler :
- Emmanuelle que se passe-t-il ?
- Rien… j’avais juste envie de changer d’air… j’en ai profité pour venir voir les nouveautés égyptiennes.
- Prendre l’air ? Ici ? Te rends-tu compte qu’il y a autant, voir plus, de monde qu’au-dessus ? De plus, je vois bien à ta tête que ça ne va pas.
- Cela ne te regarde pas ! Répondit-elle séchement.
- On vit ensemble… tu sais tout de moi… bon c’est vrai qu’il n’y a pas grand chose à savoir. Mais tout de même, c’est pas une raison pour ne rien dire de ce qui te perturbe à ce point. JE suis capable d'écouter moi aussi, faut pas croire ! fit-elle dans un sourire crispé. Elle commençait à se sentir à nouveau mise de coté, comme si seul son coté amnésique avait de l'intérêt aux yeux de sa compagne.
- Je ne suis pas perturbée ! Répondit-elle en toute mauvaise foi.
- Non ! Bien sur. C’est pour ça que depuis que je t’ai retrouvée, tu regardes cette momie de chat alors que tu en as horreur.
- Et bien comme quoi les choses changent, fit-elle sans se rendre compte du piège dans lequel elle était tombée.
- Et bien la prochaine fois que tu voudras faire celle qui « tout va bien dans le meilleur des mondes », pense à faire attention à ce que tu regardes et/ou réponds : car au cas ou tu t’en serais pas encore aperçut, tu es devant une momie d'enfant.

Celle-ci sortit de sa torpeur et regarda, réellement un instant, la vitrine puis dirigea son regard sur celui de la jeune femme. Manu eut tout juste le temps d’y lire de la déception et de la colère avant que Célina ne lui tourne le dos et se dirige vers la sortie, vexée d’être ainsi mise sur la touche.
L’écrivain la rattrapa, l’arrêta en lui saisissant le bras et lui dit :
- Ecoutes, j’ai un passé, toi : non ! Tu donnerais tout, je le sais, pour t’en souvenir, moi c’est pour l’oublier ou tout du moins une certaine partie. Ce n’est pas que je ne veux pas t’en parler, mais j’en suis incapable. Peux tu comprendre ça ?
- Tu veux oublier ? Je connais un bon moyen : loue une voiture et plante toi avec ! Moi je vais me promener sur les bords de la Marne au cas où tu changerais d’avis, lui répondit-elle du tac-au-tac.
- Célina ! Cria la jeune femme, mais son interlocutrice lui avait déjà tourné le dos et était sur le point de franchir les portes.

L’hôtesse de l’air partie en direction de Nogent-sur-Marne. Elle pleura dans le train, se sentant mise au banc tout ça parce qu'elle n'avait que deux années de souvenirs. Enfin un peu plus, il lui revint tout à coup cette bribe en tête qu'elle avait eu à Noël. Elle se focalisa dessus afin de d'en savoir plus et fit taire ses larmes.

Manu la retrouva à la sortie de la station de RER. Elle l’attrapa à nouveau par le bras et l’emmena, sous les protestations de la jeune femme, dans un coin tranquille. Elle se mit face à Célina mais celle-ci parla la première, en la fusillant du regard :
- Bon alors tu vas me dire pourquoi tu m’as amenée là de manière aussi « délicate et tendre » ? As-tu changé d’avis ?
- Faisons comme si rien ne s’était passé et…
- Je ne sais pas si je pourrais… mais je veux bien essayer.
- D’accord ! Alors je te suis.

Elles se dirigèrent alors en direction des berges. Célina l'amena dans un parc donnant sur la rivière, apparement très prisé des couples. La jeune femme acheta deux boissons au vendeur ambulant, sans que Manu ne s'en mèle exceptionnellement. Célina tendit celle qu'elle lui avait commandée et commença à marcher, sur la voie pavée longeant la rive, dans un silence boudeur.

Emmanuelle fut surprise de la réaction de la rouquine. Elle qui était d'habitude assez bonne patte se montrait plutôt agacée. Elle fit mine de rien et prit une petite gorgée du Coca frais que Célina lui avait commandé.

Elle laissa Célina partir le long des berges de la Marne en faisant la tête, au bout du compte, ça l'amusait de voir l'hôtesse de l'air faire la gueule et ce n'était pas pour ça qu'elle se trouvait mieux disposée à l'encontre de sa compagne. Manu s'assit un instant dans l'herbe et regarda la Marne couler lentement, indifférente aux passants comme tout à fait absorbée dans son monde intérieur.

Comme Célina semblait ne pas se rendre compte que Manu ne la suivait pas, cette dernière se releva et partit à la recherche de sa compagne. Elle la retrouva un peu plus loin, occupée à discuter en faisant de grands gestes avec une jeune fille brune à l'aspect bien engageant.

Le sang de Manu ne fit qu'un tour et se figea instantanément dans ses veines. Elle imaginait bien entendu le pire, comment Célina pouvait-elle lui faire une chose pareille ! Non mais comment osait-elle ?! Elle arriva à la hauteur de sa compagne et elle lui saisit le bras sans aucune délicatesse.

" - Ca va, je vous dérange pas trop ?
- ... Manu je ...
- Oui ? Tu ?

La jeune brune ne comprit pas quelle était cette furie blonde qui venait de s'abattre sur la jeune femme qui la renseignait.

- Alors ? J'attends j'te signale ! Tu quoi ?
- Cette jeune fille cherchait le chemin pour rejoindre la gare RER alors je l'ai renseigné.
- Super ! Tu n'as rien trouvé de plus ridicule comme excuse ?!
- Mais, Mademoiselle ... je vous assure que ...
- Ah ça je me doute bien que vous n'allez pas prétendre le contraire !!

Célina secoua la tête de dépit, elle avait de plus en plus de mal à supporter le sale caractère de Manu. De plus, elle se sentait vraiment gênée vis-à-vis de la jeune touriste.

- Excusez ma compagne ... Je suis confuse vraiment ...

Emmanuelle ricana.

- Ce n'est pas grave, je vais me débrouiller ...
- Oui ... c'est ça ...! Célina, tu ne te proposes pas de jouer les guides ?"

Manu tourna les talons sans un regard pour la rouquine et partit se promener à son tour sans se retourner, toute occupée qu'elle était à ruminer.

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase mais comme la jeune touriste était encore à coté d'elle, elle garda un visage impassible.
- Elle est toujours comme ca ?
- Elle est très jalouse en effet... la station est en 150 mètres sur votre gauche. C'est un grand batiment avec une grande baie vitrée. Bonne journée Mademoiselle !
- Oh ... merci ! Eut-elle le temps de lancer.

Célina s'éloigna de la jeune femme, longeant le cours d'eau. **J'en ai marre... moi, qui voulait lui parler de Noël, voilà qu'elle me fait une énième crise juste parce que j'ose renseigner une touriste ! J'en peux plus... faut que ca cesse. **

Tellement plongée dans ses pensées, elle ne vit pas arriver un vélo en sens inverse. Celui-ci fit un écart pour éviter un enfant qui avait fuit la surveillance de sa mère et il heurta de plein fouet la jeune femme. Célina tenta de se rattraper à la rambarde mais elle se retrouva, finalement, dans l'eau. Elle resta un instant sous l'eau froide... **Et si ...** lui traversa l'esprit. Elle se laissa porter par le courant mais finit par remonter à la surface, ce qui permit qu'elle entende son nom parmi un tas d'autre. C'était Emmanuelle qui avertit par les cris des témoins avait fait demi-tour.

Elle l'appelait à plein poumon, courant le long de la rive, avec à coté d'elle le cycliste. Celui-ci cria à la jeune femme qu'il était pompier et qu'il allait la sortir de là. Il se jeta à l'eau, nagea jusqu'à la jeune hotesse de l'air et il lui expliqua ce qu'il allait faire. Célina acquiessa de la tête et son sauveur la saisissa par derrière la plaquant contre lui en la tenant par la taille. Il n'eut aucun mal à la ramener, car elle ne se débattit pas. Manu l'aida à sortir la jeune femme de l'eau, posa son blouson sur ses épaules et lui dit d'un ton mélant peur et reproche :
- J'ai eu si peur ! Ne me refait jamais ça !
- Elle n'y est pour rien... c'est moi qui l'ai heurtée !

Célina resta silencieuse, ne pouvant détourner son regard de l'eau. Pendant un instant, elle y avait pensé et failliit se laisser couler... pourquoi avait-il sauté ? Et Manu qui lui disait avoir eu peur alors qu'une fois de plus elle lui avait fait une scène quelques secondes auparavant. Elle n'arrivait plus à penser, seul la vue de l'eau qui courait lui importait, la calmait.

Le jeune homme laissa ses collègues, arrivés sur les lieux, s'occuper de la jeune femme et emmena un peu à l'écart Emmanuelle et lui glissa:
- Faites-en ce que vous voulez mais à votre place, je ferais attention à elle... elle ne s'est pas débattue, n'a pas résisté... ce n'est pas normal ! Peut-être que je me trompe... enfin je l'espère en tout cas. dit-il en la regardant dans les yeux puis se détourna et regagna l'ambulance prête à partir.

Célina avait répondu, comme absente, aux questions des pompiers. Elle réagissait à peine et était parcouru de tremblement. Elle s'était laissée allonger sur le brancard et se contenter de regarder le plafont du véhicule tandis qu'ils se préparaient à l'emmener à l'hôpital le plus proche.

- Attendez ! Vous voulez monter avec elle ? Demanda le cycliste à une Emmanuelle troublée par ce qu'il venait de lui dire.

Le coeur d'Emmanuelle battait la chamade comme si il allait éclater dans sa poitrine. Elle avait eu si peur et les propos du cycliste ne l'avait absolument pas rassuré, bien au contraire. Ce fut sur un ton beaucoup plus tranchant qu'elle ne l'aurait voulu qu'elle lui répondit.

"- Evidemment que je veux l'accompagner ! Quelle question !
- Prenez soin d'elle ... C'est un conseil."

La jeune femme haussa les épaules et s'engouffra dans l'ambulance. Célina était blanche comme un linge, elle avait les yeux grands ouverts et son regard laissait transparaître une immense tristesse. L'infirmier qui prenait soin d'elle demanda à Emmanuelle de lui expliquer comment l'accident avait eu lieu. Elle fit bien attention de ne pas mentionner leur dispute. Elle était très inquiète et, malgré les soins prodigués par le jeune infirmier, la rouquine paraissait toujours aussi faible. Emmanuelle lui prit la main et la caressa doucement.

"- Célina ... tu m'entends ?
- Oui ...

La voix de la jeune hôtesse n'était qu'un souffle, Emmanuelle frissona.

- Tu m'as fait peur tu sais ... J'ai cru t'avoir perdue, je te voyais déjà noyée ... Pourquoi n'as-tu pas nagé ? Pourquoi ne t'es-tu pas débattue ?
- ... Parce que ... Je ...

La jeune femme ne termina pas sa phrase, elle avait fermé les yeux à présent et Emanuelle fut prise de panique. L'infirmier voyant la mine déconfite de la jeune blonde la rassura.

- Elle dort. Je lui ai administré un calmant, elle a besoin de repos maintenant.
- Entendu ... "

Emmanuelle se pencha sur sa compagne pour déposer un léger baiser sur son front. L'ambulance venait d'arriver à l'hôpital de Nogent sur Marne.

...

Dust in the wind, Scorpions

Les sapeurs-pompiers emmenèrent le brancard dans la première salle de déchocage. Emmanuellle étant priée de rester dans la salle d'attente. Célina qui avait reçu un calmant, n'entendit que vaguement les paroles de l'infirmier :
- Jeune femme d'une trentaine d'année, tombée dans la Marne suite à une collision avec un cycliste. Je lui ai administré une poche de G30 et un calmant léger.
- A t-elle des fractures ?
- Je n'en est désselée aucune non ! Son amie l'accompagne au cas ou vous auriez des questions.
- Très bien merci.

L'interne laissa passer les brancardiers et s'adressa ensuite à l'infirmière qui était au chevet de la jeune femme :
- Quelle est sa température ?
- 36°8 docteur !
- Humm ... on lui redonne du physio chauffé et une couverture. Par contre le calmant... enfin bon ! Mademoiselle vous m'entendez ?

Célina essaya de répondre mais n'y parvint pas... pas plus que d'ouvrir les yeux. Elle avait les paupières lourde et une envie de ne pas se réveiller la taraudait.
- Si vous m'entendez, serrez moi la main !

La jeune femme serra doucement celle qui s'était glissé au milieu de ses doigts froid. Elle ressentit des picotements dans les premières phalanges quand celles-ci entrèrent en contact avec la peau de l'interne. Cette douleur synonyme de retour à la conscience renforça son envie de fuir... de rester dans l'inconscience. Cependant, elle dut se rendre à l'évidence du contraire. Et à contre-coeur, elle finit par ouvrir les yeux sur un jeune homme tout sourire.
- Et bien bienvenu parmi nous ... savez-vous où vous êtes ?

Un regard rapide autour d'elle lui permit de comprendre et elle répondit d'une voix monocorde et tremblante comme tout son corps :
- A l'hôpital !
- D'accord mais où ? En attendant je vais vous faire une prise de sang.
- A paris je suppose ...
- Non ! Pas du tout. Vous êtes à l'hôpital de Bry sur marne à coté de Nogent sur Marne. Vous souvenez-vous de ce qui s'est passé ?
- C'est un peu flou ... je me promenais quand j'ai été heurté (mais je sais pas par quoi) et je me suis retrouvé dans l'eau. Un homme dans un drôle de costume est venue me sortir de là.
- C'était un cycliste ! C'est cette même personne qui vous a heurté accidentellement.
- Ah d'accord répondit-elle d'un ton neutre.

Pendant la conversation, le jeune interne avait receuillit deux tubes de produits sanguins, les étiqueta et les donna à l'infirmière qui les emmena pour l'analyse.
- Je pense qu'il n'y a rien de grave, mais on va vous faire passer une radio au cas ou ! En attendant, souhaitez vous voir votre amie ?
- Elle est là ? Demanda Célina surprise, entendant encore leur dispute.
- Oui elle est arrivée en même temps que vous... vous ne vous souvenez pas ?
- Non ! Mais si elle veut venir, elle peut.
- D'accord ... je vais la voir.

Il sortit laissant seule la jeune hôtesse de l'air à ses pensées, ou plutôt à l'absence de pensées. Elle en était incapable, elle ne voulait que se rendormir pour ne pas se réveiller. Elle ferma lentement les yeux, laissant le temps s'écouler.

Quand l'interne arriva dans la salle d'attente, Emmanuelle lui sauta presque dessus lui demandant des nouvelles de sa compagne.
- Elle va bien ! J'ai quand même demander une radiographie complète pour être sur... mais je ne pense pas qu'elle est quelques chose de cassé. Elle s'en sort avec des hématomes et une légère hypothermie qui devrait être rapidement comblée. Je reviendrais vous voir quand j'aurais tous les résultats.

"- Est ce que je peux la voir ?
- Elle est encore très faible mais oui ... Elle vous attend."

Manu ne se fit pas prier pour se lever et foncer en direction de la pièce dans laquelle elle découvrit une Célina tellement blême qu'elle en avait presque le teint verdâtre. Elle prit place sur la chaise proche du lit de sa compagne avant de se pencher vers elle. Elle posa tendrement une main sur son front. Célina ouvrit les yeux légérement.

"- Coucou toi.
- Manu ...

La jeune blonde déposa un doigt sur les lèvres de l'hôtesse de l'air.

- Non ne dis rien, ne parle pas, ne te fatigue pas. Je suis là, près de toi et je ne quitterai pas cet endroit sans toi. Je ne te l'ai jamais dit encore mais je tiens à toi comme à la prunelle de mes yeux ma Rouquine et je refuse qu'il t'arrive quoi que ce soit.

Emmanuelle caressa le visage de Célina, lui remit les cheveux en place et s'attarda sur l'arrête de son menton.

- Lorsque tu sortiras d'ici, tu auras le droit de choisir ce que tu veux faire ... où tu souhaites aller, si tu veux visiter un monument ou manger dans un endroit en particulier. C'est toi qui fais le planning jusqu'à notre retour sur Heaven ... Mais en attendant, repose toi. Dors, je veille sur toi ...

La jeune rousse semblait plus fragile que jamais, ses lèvres esquissèrent pourtant un sourire tandis qu'elle se laissait emporter par le sommeil.

Celà faisait maintenant de nombreuses minutes que Célina s'était endormie. Que faisait donc l'interne ? Pourquoi tardait-il à revenir avec les résultats des examens pratiqués sur Célina ? Emmanuelle tournait et retournait ces questions dans sa tête en rongeant furieusement les ongles. Elle soulevait les cuticules à l'aide de ses dents de devant jusqu'à s'en faire saigner. Elle avait peur et c'était une façon comme une autre de calmer ses angoisses.

...

Emmanuelle avait été déçue d’apprendre que sa compagne allait devoir passer la nuit à l’hôpital. Elle aurait aimé pouvoir la ramener à Paris et prendre soin d’elle. Elle s’était déjà imaginé en train de lui concocter un bon petit plat et plus tard dans la soirée, elle lui aurait prodigué des calins comme elle aimait. Au lieu de ça, Célina allait rester ici dans cette chambre impersonnelle et froide, une chambre typique d’hôpital.

Lorsque l’infirmière passa pour donner quelques soins à l’hotesse de l’air, on pria Manu de bien vouloir sortir. Elle accusa très mal cette demande et c’est vexée comme un pou qu’elle rejoignit la salle d’attente. Là, elle prit un café et une barre chocolatée pour se calmer un peu. Manque de bol, le café avait un désagréable goût de flotte. Elle retourna s’asseoir en pestant.

« - Les boissons chaudes des machines à café sont toujours très mauvaises.

Emmanuelle se tourna vers la femme enceinte qui venait de lui parler. Elle haussa les épaules.

- Oui sans doute.
- Vous semblez nerveuse … Un grand souci vous amène à l’hôpital ?
- Mon amie a manqué de se noyer, un grave souci donc, oui. Et vous ? Je vous renvoie la question afin que vous n’ayez pas le privilège de la curiosité !

La jeune femme accueillit la remarque avec une légère coloration rouge sur les joues.

- Pardonnez moi je ne voulais pas être indiscrète.
- On ne veut jamais l’être c'est bien connu …
- Moi je suis ici parce que mon fils aîné vient de faire une grosse crise d’asthme.
- Le pauvre enfant… Une crise d’asthme et un bébé à venir … Ne cherchons pas plus loin pourquoi le système social de ce pays est en plein déficit … ! »

La femme enceinte resta sans voix devant la cinglante remarque de la blonde. Emmanuelle se leva comme une furie et alla droit vers la chambre de Célina. Cette dernière était endormie, Manu se rongea un peu les ongles, cela l’aidait à patienter. Elle avait envie de faire quelques chose mais elle ne savait pas quoi. Elle aurait aimé venir en aide à sa compagne, lui rendre la vie meilleure. Elle se mit à réfléchir tant et si bien que ses réflexions la menèrent droit au sommeil.

Sans s’en rendre compte et mal assise sur un fauteuil inconfortable, Emmanuelle s’endormit en tenant la main de Célina.

"- Oulà oh, c’est bon ! J’insiste pas ! Je voulais être agréable avec toi mais dis donc t’as vu la tronche que tu fais !"

Emmanuelle était déçue de voir que sa compagne ne semblait pas apprécier le fait d’être chouchoutée. Elle pensait qu’au contraire, cela aurait fait plaisir Célina. Hélas, la rouquine rentra seule dans l’immeuble sans prendre le bras que Manu lui proposait pourtant. Elle avait pris en pleine figure la remarque de l’hôtesse de l’air : « Chez moi ? Chez toi tu veux dire » … Elle ne comprenait pas cette réaction alors qu’elle faisait tout son possible pour tout partager avec sa compagne, pour qu’elle se sente partout chez elle mais Célina semblait ne pas arriver à passer outre leur différence de niveau social.

Manu ouvrit la porte de l’appartement à la rouquine. Cette dernière esquissa à peine un sourire en voyant le gros bouquet de roses agréablement arrangé dans un vase ouvragé posé sur la table du séjour. Emmanuelle fit la moue, elle aurait presque regretté l’argent dépensé dans ce bouquet mais elle prit sur elle et fit mine de ne s’apercevoir de rien.

« - Tu veux boire un truc ? Ou grignoter peut-être ? aujourd'hui, le chef vous propose ...
- Non ! Je te remercie. Je veux juste me reposer si c’est possible.
- Oh … et bien tu connais le chemin de la chambre. »

La jeune femme était vexée, aussi n’accompagna-t-elle pas Célina jusqu’à la chambre à coucher. Elle alla se préparer un plat de pâtes au fromage qu’elle mangea sans appétit en regardant un jeu débile à la télévision. Elle avala un dessert avant d’aller voir ce que faisait Célina, c’était plus fort qu’elle.

Quand elle entra dans la pièce, les volets avaient été tirés et un petit air frais passait par la fenêtre entrebaillée. Sa compagne semblait dormir à poings fermés alors elle quitta la pièce sur la pointe des pieds pour rejoindre le canapé et s’absorber dans la lecture du dernier bouquin de Fred Vargas.