Demeure du gouverneur

Invité

Dans le centre ville, pour etre plus proche de ses administrés, le gouverneur dispose d'une demeure.

Palais :

Demeure du gouverneur Brussels12

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Hall
d’entrée :

entrée discrete :

chambre :

bureau :

cuisine privée :

salon officiel pour les photos :

salon privé :

Demeure du gouverneur _SDG4550

salle de travail avec l’équipe en place :

Demeure du gouverneur Lhom9b

salle de bal :

Demeure du gouverneur Sala_da_ballo_large

salle de cinéma privée :

Demeure du gouverneur Cinemaow8

bibliothèque réputée :

piscine intérieure :

et extérieure :

Invité

Adagio - Albinoni

Elle regardait par la vitre le soleil briller haut et fort sur Heaven. Un peu plus loin dans le parc, ses rayons étaient filtrés par le feuillage des arbres, jouant un contraste d’ombre et de lumière.
Elle en voulait même au soleil. Pourquoi se montrait il dans un jour si funeste ?

Elle refusait de se retourner. Dans son dos elle savait qu’ils la regardaient tous les yeux pleins de pitié et de peine. Elle ne pourrait pas supporter de voir ses propres sentiments. Elle voulait rester seule avec elle-même et ses souvenirs. Revoir Paolo, le nombre de fois où elle avait jurer de le tuer, combien de fois il l’avait consolé, soutenu et réprimandé. Son second père.

Gouverneur ?

Elle poussa un soupir silencieux, relevant légèrement la tête vers le ciel, comme pour y puiser une force qu’elle n’avait plus. Elle se retourna et chancela un peu.

Sam ?
Les journalistes ont sortis les premiers articles. Je voulais vous en avertir. Et Washington envoie des experts pour comprendre les raisons du crash.

Elle baissa les yeux sur son verre vide. Elle marcha jusqu’à la flasque de rhum et s’en servit une dose, qu’elle avala lentement. Lasse elle demanda d’une voix éteinte.

Que disent les journalistes ?
Ils louent votre rapidité. Ils sont mitigés sur votre réaction. Pour certains vous êtes faibles. Mais d’autres voient là une humanité profonde qui consolera les victimes.

Pas assez. Il n’y avait pas assez de rhum dans son verre. Elle le remplit à nouveau. Elle reprit sa contemplation du parc.

Etait elle une victime ? Elle aussi ? Non… Personne ne devait savoir. Des consignes strictes avaient été données si on retrouvait les trois corps. Daniele était là bas. Snivi avait refusé de l’abandonner.

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Gouverneur… gouverneur une déclaration…

Toute cette marée humaine. Non … Ils n’étaient pas humains. Ils s’étaient rués sur elle.

Que savez vous ? pourquoi cette réaction et ce malaise ?
Connaissiez vous quelqu’un dans l’appareil ? Etes vous enceinte ?

==========

Que des questions inutiles qu’elle balaya d’un revers de la main. Mais les mots résonnaient dans sa tête. Elle posa son verre sans trop savoir où. Une main le rattrapa d’ailleurs dans son champ de vision, au moment où elle posa ses mains sur ses tempes, serrant le plus fort possible.
Chasser ses mots qui blessent. Cette carcasse d’avion. Cette fumée qui s’en élève. Les premiers corps que l’on enlève.
Ce besoin morbide de s’approcher et d’aller voir si on retrouve son frère, sa famille. Lutter. Se contenir.
Ils lui en demandaient trop. Pourquoi n’avait elle pas droit comme tout le monde de souffrir, de bénéficier des prières de tous et d’un peu de compassion. Pas de ce silence gêné, lui signifiant qu’aux yeux de tous, Paolo restait en fuite.
C’était trop injustice. Même aux pires criminels, même à ses victimes, elle avait laissé la preuve de la mort, que tous se résolvent à la triste évidence.

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Gouverneur, êtes vous plus touchée par la mort des italiens ou des américains sur ce vol.

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Salopard !

Elle balança le verre contre le mur. Elle pointa son doigt dans le vide. Comme une menace.

Trouvez moi le journaliste qui m’a demandé pour quelle nationalité mon deuil allait. Qu’il crève !
Patronne !
Ta gueule ! Si tu as quelque chose à dire…

Elle se retourna les yeux brillants de larmes et de rage. Elle s’approcha lentement, titubant légèrement.
Quand elle s’estima assez proche, elle lui souffla, dans une légère vapeur d’alcool

Puisque c’est ça… C’est toi qui le tueras. Ne reviens que quand il sera mort.

A nouveau elle tourna, gardant tant bien que mal le contrôle de son corps.

Sortez tous.

Ils obéirent en silence. Seul Sam et Snivi s’entetaient.

j’ai dit dehors.

Le ton froid tranchait avec ce regard désespéré.

Non.

Elle déglutit tant bien que mal.

Dehors.
Non.

Sa voix se fit plus aigue, plus désespérée. Un sanglot.

Pitié laissez moi seule. Une heure. Laissez moi une heure.
Jure moi !
Promis Snivi. Maintenant sors. Je t’en supplie.

Samuel et Snivi sortirent. Avant qu’il ne ferme la porte, Lucrezia l’entendit s’adresser à son conseiller.

Sam… Va falloir qu’on parle sérieusement. J’espère que tu sais tenir ta langue. Vaudrait mieux pour tout le monde, et surtout pour toi.

Elle s’avança dans le bureau sans le voir. Elle ne voyait rien. Elle ouvrit un tiroir et en sortit une petite boite.
Elle coupa un comprimé en deux et se resservit un verre de rhum en tremblant. Une fois le cachet avalé, elle estima que ce n’était pas suffisant pour oublier sa peine et goba l’autre moitié.

Elle attendrait que les calmants fassent leur effet… à l’aide du rhum. De toute façon quoi faire d’autre ?

Elle s’assit sur son fauteuil, « so chic » et attendit.

Invité

Les minutes s’égrainaient à une lenteur diabolique. A peine le temps d’en savourer une que l’autre arrivait. Elle ne le supportait pas.
Sa tête allait exploser. Les yeux regardaient la pièce sans la voir. Une photo dans un angle. Elle s’approcha.

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Alors cette installation Gouverneur ?
Samuel c’est ça ?
Oui Madame.
Appelle moi Lucrezia.
Ce n’est pas correct.
Sauf si j’estime que tu peux le faire. Nous allons travailler ensemble. Je te verrais plus souvent que mon mari. Alors tu peux bien m’appeler par mon prénom.
J’y songerai. Que faites vous ?
La chose la plus importante. J’installe ma famille. Ma fille et mon mari sur le bureau. Les autres au mur. En premier mon défunt père et à coté mon frère.
Il est en prison non ? Ou en fuite !!! On dit que...Enfin... ce n'est pas grave. Excusez moi.
Ça n’empêche pas qu’il reste un être humain. Mon frère. Je l’adore. Je ne permettrai à personne de le juger.
Je suis désolé. Je comprends.

Satisfaite de sa réaction, elle le laissa commencer sa leçon.

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Elle toucha la photo du doigt. Son frère avait l’air si jeune et si heureux. Depuis la réunion de la famille, tout allait pour le mieux. Jusqu’à aujourd’hui.

Lucrezia dodelina de la tête. Les médicaments et l’alcool ne faisaient pas bon ménage. Elle se rassit et prit le téléphone. Elle devait prévenir sa famille. Mais qui ? Hormis Greg et Juliana elle n’avait personne. Isabella peut être ?

Greg ? Tu es assis ?

La voix successivement lasse, cassée, en pleurs, elle lui expliqua le drame. Epuisée elle regarda à nouveau l’heure. Encore 37 minutes de paix.

Juliana maintenant. Un soupir résigné. Sa cousine comprendrait la douleur qu’elle éprouvait.

Juliana ?
Je suis en route.

On frappa à la porte. Elle avertit Juliana qu’elle la rappelait dans un instant.

Qui ? J’ai demandé UNE heure !
C’est Samuel. C’est… urgent.
Entre !

Elle se leva et commença à faire les cents pas, furieuses. Il avait à peine passé le pas de la porte qu’elle l’assaillit de question.

Pourquoi ? pas maintenant et ? Quoi encore ?
Hey le freluquet ! Elle a dit qu’on la laisse tranquille.
Je…jaireçuçapourvous…
Quoi ?
Qu’est ce qu’il a dit ?
J’ai reçu ça…j’crois que je vais être malade.

Samuel sortit en courant, main sur la bouche.

Tu lui as fait quoi ?

Snivi haussa les épaules d’un air faussement innocent.

Juste un tout petit peu briefé. Mais c’est quoi ce que…
HEUUUUUUUUUUURK !

Tous les deux avaient eu la même réaction. Le bout de peau pendait lamentablement entre les deux doigts tendus et dégoûtés de Lucrezia. Elle le posa négligemment sur un fauteuil et reprit son portable, l’air mauvais.

Parfait. Je voulais du sang. Il va y en avoir. Je payerai très cher pour qu’il souffre.
Tu comptes le tuer ?
Trop facile. Il sera un exemple de ce qu’il ne faut jamais nous faire. Je préviens Joy. On se retrouvera à l’arène. Prépare quand même des hommes.
Combien ?
Dix. Joy ne viendra sans doute pas seule non plus. Que tout soit organisé dans la plus grande discrétion. Je vais tarir mes larmes sur celles de ce porc.

Invité

ambiance à mettre en boucle

Aveugle, séquelles, troubles…

les mots avaient dansés devant ses yeux quand Park les avait prévenu.

Je… Je suis désolée. Prévenez moi s’il y a du nouveau mais je dois partir. L’enterrement.

Elle se rendit compte qu’elle commençait à construire un mur de froideur qui serait bientôt indestructible. Elle pinça des lèvres et fit demi tour. Redressant la tête, elle se tourna vers Daniele dans le couloir et avança. Comme une de ces lolitas fashion victim, elle dicta ce dont elle avait besoin.

Un jet. Avec ma famille dedans. Choisis le plus luxueux pour eux. Préviens la famille là bas. Et fais préparer Isabella aussi. Que Rachel s’occupe des enfants. Ils viennent tous. Préviens Greg que Léonora et moi nous nous absentons, disons une semaine pour le moment. Nous descendrons à Palerme. Chez l’oncle Antonio. Fais préparer ma garde robe. Entièrement noire. Je ne veux rien de couleur. Fais en sorte que la presse soit muselée. Pression, chantage s’il faut. Qu’aucune photo ne soit disponible. Je ferais un deuil absolu d’une semaine. Ensuite, je devrais oublier mon frère, sa femme et son fils.

Daniele hochait de la tête silencieusement. Elle claqua du doigt.

Sam ? Tu as carte blanche pour la communication. Mais si jamais je lis le prénom de mon frère dans la presse, tu rejoindras le cimetière… Sans ta tête. Compris ?

La limousine les attendait devant la porte. Ils y pénétrèrent sans un mot, évitant les reporters. Samuel lui restait sur place, blême, incapable de répondre ou d’articuler quoique ce soit.

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En entrant dans cette demeure qui n’était pas vraiment la sienne, Lucrezia frémit. Au pied des escaliers, Snivi la regardait sans un mot. De la douleur émanait de lui. Elle avait envie de faire un pas. De caresser son visage. De lui dire que tout irait bien. Mais c’était faux. Et puis elle n’avait pas à faire ça.
Il passa à côté d’elle une valise derrière lui.

On se retrouve bientôt Lu.

Il effleura sa main. Elle écarta la sienne. Leurs épaules se touchaient. Elle ne savait pas quoi dire.

Bon voyage.

Elle le laissait partir.

Ça lui fendait le cœur. Elle avait peur. Et si lui aussi c’était la dernière fois qu’elle le voyait. Si jamais il la rejetait maintenant ? Elle lui faisait peut être peur ? Ou alors elle faisait mourir tous ses proches.
Elle posa ses doigts sur ses tempes pour chasser ce trop pleins d’idées terribles et sordides.
Elle fit demi tour. Elle voulait le rattraper. Le rappeler. Lui dire tout. Avant qu’il ne soit trop tard.

Trop tard.

Il était parti déjà.
Elle donna un grand coup de pied dans un pot de fleur. Elle se détestait. Elle le détestait aussi. Il ne s’était même pas retourné. Il n’avait pas insisté. C’était une pestiférée.

Elle fila dans sa chambre pour s’y enfermer.

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Lucrezia ouvre ! S’il te plait !

Elle se souleva. Elle avait dû s’endormir à force de pleurer. Elle se leva, déverrouilla la porte et vit Daniele la mine défaite.

Elle posa une main sur sa bouche.

Juliana ?
Aucune nouvelle.

Il la poussa sans ménagement et regarda dans la chambre.

Mais… Tu fais quoi ?
CE QUE JE FAIS ? Dix minutes que je frappe à cette porte et que personne n’ouvre. J’ai…

Il passa une main dans ses cheveux. Il la dévisageait. Elle était pied nus, les cheveux en bataille, la marque de l’oreiller et des larmes sur les joues. Ses yeux reflétaient toute la misère du monde.

J’ai cru…
Que quoi ?

Elle se sentait mal. Elle avait mal… physiquement, moralement. Sa voix n’avait plus aucune tonalité. D’une neutralité effrayante et presque morbide.

Que tu t’étais… Enfin… que tu étais morte.
Ce n’est pas le cas.
Tu te trompes. Tu as l’air vide.

Elle le fixait. En d’autres temps elle l’aurait frappé pour son insolence.
Elle se rapprocha lentement, jouant aux félins. Elle tourna autour de lui. Elle posa les mains sur les pans de sa veste et l’attira à elle. Elle approcha ses lèvres, effleura celles de Daniele. Soudain elle perdit le contrôle. Il intensifia le baiser, glissant sa langue entre ses lèvres, prenant possession de sa bouche. Elle tenta de reculer mais il la maintenait fermement.

Et puis plus rien. Elle fit un pas en arrière et manqua de trébucher. Posant une main sur ses lèvres, elle fit mine de s’essuyer mais s’arrêta. Elle ne voulait pas être aussi insultante.

Alors je n'ai pas l'air vivante là?
Non...
Pourquoi tu me repousses ? Pourquoi tu as fait ça?
Je te renvois la question ? Pourquoi moi ?
J’avais envie !
Tu es mariée.
Je n’ai jamais prétendue être fidèle.
Mais tu es amoureuse.
C’est un mariage de convenance on dira.
Tu l’aimes.
Laisses Greg…
Je te parle de Snivi. Pourquoi tu l’as laissé partir.

Lucrezia se laissa glisser au pied de son lit. Une larme glissa sur sa joue.

Autrement il serait mort. Tous ceux qui restent… Je devrais me mettre au milieu de l’autoroute et attendre. Ou me jeter des falaises. J’en ai assez d’être responsable de la mort de tous… regarde Juliana… C’est ma faute.
Elle a ses propres ennemis.
Les siens sont les miens. Et inversement.

Daniele s’assit à côté d’elle sur le lit. Elle posa les mains sur ses genoux puis sa joue. Un peu de chaleur. Un peu de douceur.
Une main dans ses cheveux. Un murmure

Lu… S’il te plait…

Elle redressa la tête. Le fixait.

Le désir. La vie.

Daniele…
S’il te plait… ça va aller trop loin.

Elle se mit à genoux. Elle l’attrapa par les cheveux, cherchant sa bouche.

Il avait raison. Elle était comme morte. Elle devait revenir à la vie.
Elle lui enleva sa chemise.

S’il te plait.

Elle enlevait sa robe. Il l’aidait. Ils étaient soudain si maladroits.

Rends moi vivante… je t’en supplie.

Invité

Elle sursauta au bruit du téléphone.
Au réveil radio il était à peine trois heures du matin. Elle passa une main lasse sur son front et sentit cette moiteur, cette sueur froide qu’elle ressentait si souvent. Elle mordit sa lèvre pour faire taire sa peur et ralentir les battements désordonnés de son cœur.
Elle alluma la lampe, regardant un bref instant la photo de son frère et de sa famille.

Machinalement Lucrezia prit son portable et prit ce ton si froid qu’elle avait maintenant quand il s’agissait de politique.

La mafia était un monde pourrit. Mais pas autant que ce nouveau monde. Elle se débattait tout le temps. Elle avait du mal à imposer sa loi comme elle le faisait sur le milieu.
Ça la frustrait autant que ça la motivait.

De Rossi ?
C’est moi…

La voix de Snivi résonna. Son cœur fit encore un bond mais de joie. Trois jours sans nouvelles de lui. Il devait bouder cet enfoiré mais elle n’arrivait pas à lui en vouloir.

Quoi ?
Il batifole encore. Une star du porno.
Et alors ? ça me fait une belle jambe. Il est libre de faire ce qu’il veut.
Ouai sauf que là y a un paparazzi.

Lucrezia serra des dents. Bonjour le scandale pour tout le monde.

Ok… Débarrasse toi du boulet.

Elle raccrocha en sentant un mouvement dans le lit. Samuel bougeait beaucoup quand il dormait. D’ailleurs cette jambe posée sur la cuisse de Lu le confirmait. Elle sourit et l’écarta pour sortir du lit.

Sa nuit était finie.

Comme si souvent depuis l’accident. Elle se servit une large rasade de rhum et se posa devant la baie vitrée. Le jardin de la maison était parfait. Pas le moindre défaut. Magnifique. Et ennuyeux à mourir. Elle s’était enfermée dans une cage dorée.

Un programme politique lisse. Un mari pseudo parfait. Une foule d’amants… et sa vie était d’un ennui mortel pour éviter tout scandale.

Tu prépares une grosse bêtise toi.

Elle bondit.

Bon dieu ! me refais pas une frousse pareille.
Tu baisses donc la garde.
Faut croire.

Triste constat. Elle détestait ce sentiment d’impuissance.

Qui appelait ?
Snivi.
Pour ?
Greg a une maîtresse attitrée.
Comme toi.
Moi ?

Lu écarquilla les yeux et éclata de rire. Cette phrase était si saugrenue.

Sam… Tu rêves ou quoi ? Je ne suis à personne.
Mais les hommes qui t’entourent sont à toi c’est ça ?

Elle ne répondit pas. A quoi bon ? Ceux qu’elle aimait vraiment la fuyaient ou l’abandonnaient tôt ou tard. Danny, Paolo, Greg… oui elle l’avait aimé pour la vie qu’il aurait pu lui offrir si elle avait voulu être sage.

Samuel, vexé par le manque de réaction de Lu, sortit du lit, s’habilla et sortit sans qu’elle ait bougé le petit doigt. Elle n’avait rien entendu. Pensant lui parler, elle dit :

Personne n’est heureux avec moi. Je ferais mieux de rester seule. Il vaut mieux qu’ils refassent leur vie.

Invité

Il veut quoiiiiiiiiiiiiiii ?

La voix de Lucrezia monta étrangement dans les aigus. Elle renversa sans s’en rendre compte son café sur ses genoux. Machinalement elle s’essuya et d’une main rageuse fit un signe à Samuel de sortir. Ses capacités de conseiller valaient bien davantage que ses aptitudes nocturnes et elle avait vite mis frein à ses ardeurs.

Quant à Snivi qui se tenait devant elle, il avait la mine déconfite et il y avait de quoi. La rumeur enflait sur l’île et Lu sentait le scandale arriver à grand pas.

Mais enfin c’est pas possible ! Il peut pas me faire une chose pareille.
Il se cala au fond de son fauteuil, alternant petit sourire en coin et regard craintif. Il se doutait de la réaction de Lu à la suite de ce qu’il allait lui annoncer mais quand même… la scène allait être cocace. Il aurait presque préféré voir Greg le lui dire en face. Mais Lucrezia lui aurait tordu le cou sans hésiter.

Le DIVORCE ? M’enfiiiiiiiiin !!!! rhalala !!! Le salopard !!!

Elle passa une main sur son front, comme si ça allait l’aider à réaliser.

Bon…. Heu… incompatibilité d’humeur ?
Non… Infidélités mutuelles !
Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!! Ah mais NON HEIN !!!!

Le verre qu’elle tenait toujours à la main vola à travers la pièce. Le reste de ses paroles se firent en italien.

L’enfoiré !!! Je représente des valeurs familiales tout de même !
Change ton fusil d’épaule… Je sais pas moi… femme moderne.
Mais je t’emmerde !!! j’vous emmerde tous.

Elle reprit sa marche et se stoppa soudain, à l’affût. Les deux mains campées sur ses hanches, elle dominait Snivi de toute sa hauteur.

Mais dis donc toi !!! En quel honneur tu me l’annonces.

Snivi rigola franchement.

Ton… futur ex mari m’a dit que le bouffeur de spaghettis que je suis aurait plus de chance, en tant que ton gigolo attitré de te croiser. De toute façon il avait un rendez vous… au sujet d’un divorce.
Lucrezia marmonna quelque chose sur le fait que tous les hommes étaient des enfoirés et que greg rejoindrait l’au-delà si il abusait. Elle prit un dossier au hasard et fit semblant de travailler. Au bout de trois minutes, ce qui semblait relever d’un exploit aux vues de sa légendaire patience, elle finit par balancer le dossier sur Snivi.

Bon annonce la suite. Si t’es là c’est qu’il y a autre chose.
J’commence par quoi ? La mauvaise nouvelle ou la terrible nouvelle.
N’importe, j’suis plus à ça près.

Elle blêmit mais ne dit rien.

La mauvaise… il demande une pension alimentaire… il m’a dit : « tu comprends, j’ai un train de vie à maintenir… et puis bon ce que je demande n’est qu’un trou dans son argent de poche ».
Quoiiiiiiiiiiiiii ? Parce qu’en plus il veut mon pognon ? Mais non mais ho ! et c’est qui le gigolo hoooo !!! C’est Niet !

Elle fit une pause.

Il veut combien ?
50 000 dollars par mois !

Lucrezia sentit un fou rire incontrôlable monter dans sa gorge. En fait elle n’avait jamais compris. Mais cette fois elle réalisait. Greg était fou.

Bon… On dira 10 000 et qu’il me lâche. La suite ?
La nouvelle pire… heu… j’sais pas comment te le dire… euf… enfin bon… il veut une garde partagée.

Lucrezia sembla foudroyée sur place. Un long moment elle resta sans rien dire. Même Snivi qui la connaissait si bien commença à s’en occuper.

Fais moi venir greg. En chemin préviens le… S’il espère que sa fille de p…
Calme toi…
Sa salope touche ma fille… C’est MA fille ! Pas la sienne !
Il l’a adopté. TU lui a offert ce cadeau.
C’est non.
Lucrezia… il pourrait te faire une vie d’enfer…

Elle s’installa un moment à son bureau, le menton appuyé sur ses mains croisées, fixant un pendule.

J’ai un plan. Mais ça ne va pas te plaire. En tout cas… Jamais il n’aura ma fille.

Invité

Ambiance !

La musique résonne à fond dans son bureau. Voilà déjà une heure qu’elle est enfermée là avec cette ombre qui est arrivée et entrée d’on ne sait où. Instinctivement, les gens s’étaient écartés.
Elle avait verrouillé son bureau. Seul Snivi était dans la confidence. Daniele venait de partir régler les détails d’un contrat au Soudan.

Tu veux quoi de moi ?
Plus rien… J’ai songé… mais non… Ma voie a changé…
J’ai besoin de toi.
je l’avais bien compris.
J’ai cru… un temps…

Le silence lourd s’installait. Snivi, dans un coin, bras croisés, se demandait ce qu’il faisait là. C’était beaucoup lui demander. Une jour elle finirait par comprendre. Mais quand ?

Donc tu veux savoir ce que je te demande en échange.
Oui… Visiblement ça te pèse d’être là. De l’argent ? L’assurance que personne ne saura que tu es en vie ?
Tu veux qu’il meure ?
Non !!

Elle avait presque crié.

Ecoute… J’ai cru trouver une solution en me remariant et j’ai eu tord… j’ai cru l’aimer et j’ai eu tord… pour être sure que lui ne me quitte pas je lui ai offert ma fille.

L’homme se crispa dans le fauteuil et bu une grande rasade de whisky.

Mais il veut sa garde. Ça ne m’aurait pas déplu… Mais il fréquente une pute !
Une actrice porno…

Snivi n’avait pas pu s’empêcher d’intervenir et se mordit la lèvre. L’ombre le fixa un instant.

Et lui ? Tu vas en faire quoi ?
Snivi a toujours été mon bras droit. Il le restera. J’ai renouvelé en partie ma garde et mes seconds. Mais là avec ce poste… je vais continuer.
Tu sais… Quand j’ai simulé… Enfin… Tu vois… j’ai cherché à te détruire.
Je sais Danny.
Désormais on m’appelle Paolo. J’ai changé de nom en apprenant la mort de ton frère. Un ultime hommage. D’ailleurs tu m’en vois désolé.
Merci. Et pour ta fille ?
C’est vraiment la mienne ?
Oui.
Tu n’as pas peur que je demande sa garde ? Que je revienne gâcher ta vie ?
Gâche ma vie. Mais tu es italien. C’est TA fille, TON sang… Tu DOIS m’aider.
Je verrais ce que je peux faire. Je te tiendrais au courant Lucrezia Mia.
Tu sais que ce mariage et cette adoption sont caduques puisque tu es vivant ?
Je sais. Mais c’est fini Lu… Pour nous. Je refuse de voir encore tout le gâchis que j’ai vu quand ma femme est morte…

Il se leva pour partir. Lu regardait le dos de cet homme...Elle l'avait brisé par deux fois et il revenait encore... Il devait être encore plus fou qu'elle.

Tu deviens quoi ?

C’était une question qui soudain devenait importante. Aidait il vraiment sa mère ?

J’ai trouvé une autre voix… pour mon pardon… et pour TON pardon… Je suis rentré dans un monastère.

Invité

Chiara !!!!
Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !!!

Lucrezia reposa sa fille dans son parc. Leonara gazouillait joyeusement. Dans sa main une réplique en plastique souple d’un desert Aegle, l’arme si chère à sa maman.
Voilà bientôt un an qu’elle avait fait signé des papiers d’adoption à Greg. Et déjà une paire de mois qu’ils ne s’étaient plus croisés.
Lu savait que greg passait quand elle n’était pas là pour voir la petite. Encore heureuse. Un père biologique qui jouait aux moines, il n’aurait plus manqué que son père adoptif l’abandonne.

C’est quoi ce bordel ?

Snivi hurlait à présent dans le couloir, poursuivant ses deux mouflets.

Tata ?
Oui ma poupée ?

Lu prit Angela dans ses bras et ajusta sa ravissante robe en velours vert foncé.

Chiara elle a coupé les cheveux de Marco… Touuuuuuuut court… c’est moche.
Ha oui ? Allons voir ça.

Un immense sourire aux lèvres, Lu fila dans le couloir. Elle tomba nez à nez avec un Snivi hilare, larmes aux yeux. Elle suivit son regard et…

Mouhahahahahahaha….

Elle laissa glisser Angela de peur de la faire tomber tellement elle riait.

Pauvre… hahahahahaha… aahahahaha… Marco… ouhouhahahahahaha

Prise de fou rire, elle n’arrivait plus à se contrôler. Le petit se mit à hurler de plus belle après sa sœur. Finalement il lui asséna un coup de pied magistral. Snivi et Lu les séparèrent de suite.

Bon Chiara… On est déjà surs que tu ne seras pas coiffeuse.
Et pourquoi pas d’abord ? Si je l’ai décidé ?

Parce que tu n’as aucun talent ! Quand on veut faire un métier, il faut être doué. Sinon on reste médiocre toute sa vie.
Comme Greg quoi.

Instantanément une gifle vola.

Je ne te permets pas.
M’enfin t’arrêtes pas de le traiter de tous les noms toi !
Moi ? Mais ma chère petite je suis encore sa femme que je sache. Ce qui me donne encore ce droit. Et puis je ne l’insulte pas lui… Mais sa gourdasse. Et pour mettre un point final à cette discussion, Greg a bien des défauts, mais certainement pas la médiocrité.
Peut être… mais il nous a abandonné. Comme maman. Comme Danny. Comme tout le monde. Tu finiras toute seule.

Lucrezia repartit en direction de son bureau, blessée par les paroles de sa nièce. En poussant la porte elle aperçu Léonora et…

Oooooooh mon cœur… Viens là… Je crois qu’on va aller faire une surprise à ton papa.

Invité

Chiara ça cesse.
Oui papa.

Snivi relève la tête, surpris. Le calme et la douceur de sa fille sont étranges. Chiara douce, c'était comme le Pape dans une maison close... une hérésie. C’est même très suspect. Il pose son journal et s’avance à pas de loup vers l’adolescente.

Donnes le moi !

Chiara sursaute et relève de grands yeux étonnés vers son père.

Donner quoi ?
Tu sais.
Mais nooooon !
Si elle l’aaaaaaaa !!

Marco, telle la fouine, s’est approché à pas de velours et se délecte de voir sa sœur sur le point de se faire gronder.

Ah ! Alors ?
Promis j’ai rien !
Même pas l’arme de ta tante.
Non… Tante Lu m’a bien dit…

Elle prend alors la voix et l’accent italien caractéristiques de Lucrezia :

l’Eagle tu l’auras quand tu auras mieux qu’un B en histoire de la Sicile, c’est intolérable. Et je ne te parle même pas de l’économie. Comment veux tu un jour gérer la «famiglia si tu ne sais pas tenir des comptes.

Snivi se retient de sourire. Les idées de Lu… Mais le pire c’est que Chiara était comme elle. Autant dire que d’ici un mois elle aurait des A partout.

Bon alors tu as fait quoi ?
Mais pourquoi tu es aussi… Suspicieux !

Le sourcil de Snivi se leva. Un tel vocabulaire…

T’as été voir Greg en douce toi !
Même pas… Il ne veut plus nous voir faut croire.
Ouai… il nous aime pas… J’suis sur qu’il va oublier Léonora aussi. Il fait comme maman.

Snivi se sent navrer. Que répondre. Que Greg et Lu n’étaient pas fait pour être ensemble. Ça il le savait depuis longtemps. Mais tenir tête à Lu… Inutile. Absolument inutile. Déjà gamine, elle faisait front à tout le monde. Jamais peur. Toujours à la limite de la folie. Et le pire c’est qu’il adore ça.

Si Greg vous adore. Mais il ne se sent plus à sa place. Lu et lui étaient mieux amis que mariés. Laissez leur le temps de le comprendre et tout s’arrangera. Il reviendra même faire la nounou avec plaisir vous verrez.

Les enfants laissent éclater leur joie. Snivi doute tout de même de la dernière phrase mais bon, il pourrait toujours trouver quelque chose pour faire chanter Greg.

Papa ?
Oui ?
Pourquoi tu ne l’épouses pas ?
Qui donc ?

Il craint d’entendre la suite. Il la connait déjà.

Ben Lu…
Je ne peux pas. Je suis toujours marié à votre mère.
Peuh ! Elle vient jamais nous voir.
Et on sait qu’elle est sortie.
Oui ! on vous a entendu avec Tante Lu… Elle disait même que si maman savait que vous vous… euh… j’ai pas compris là… ça veut dire quoi peloter ?
Pfffffffffff t’es trop bête Marco.

Quel est le pire ? Que sa progéniture espionne des conversations intimes échangées sur un oreiller ou qu’une gosse de 13 ans sache ce que signifie des termes comme peloter ?

Snivi pose ses doigts à la naissance du nez en fermant les yeux. Ces migraines, toujours les mêmes, qui revenaient. Avec de tels monstres et leur tante en plus… sa vie n’est pas des plus tranquille.

Au fait, Lu elle est où ?
Partie en trombe.
Ouai même que pour une gouverneur, rouler si vite… Tu crois qu’elle peut se faire sauter son permis toute seule ?
Je ne crois pas qu’elle fera ça.

Snivi se réinstalle dans le fauteuil, avec le journal sur les genoux.

Dites les enfants ?
Oui ?
Oui ?
Oui ?
Tiens, y a de l’écho… Enfin… Si on déménageait. Si on vivait juste tous les quatre ?

Invité

Lucrezia rallume une cigarette, couchée sur le canapé. Elle cogite. Elle tient d’une main un fichier et semble songeuse. Le regard perdu elle ne voit même plus la photo.

Lu enfin ! Signe.

Lu ne réagit qu’un bout d’un temps. Elle relève lentement les yeux.

Hum ? Tu disais ?
Ben ? Tu sais ce que tu fais ?

Lu se relève et s’assoit. Elle se penche, les coudes appuyés sur les genoux. Le dossier glisse lentement sur le côté pendant que les cendres de la cigarette tombent sur le sol. Machinalement, Lu racle de sol de son pied pour effacer les traces. Elle prend son verre de rhum et en boit une gorgée, doucement. Elle savoure.

Je fais quoi d’après toi ?
Tu cuves ?
Pffffff…

elle lui lance un regard noir. Elle n’est pas saoule. Pas encore. Ce n’est pas l’envie qui lui manque pourtant. Quand elle est grisée. Tout est beau. La vie est si heureuse. Cette envie de rire qui la taraude à chaque fois.

Elle reprend le dossier dans un geste d’humeur. Il s’agit d’un concurrent. Il a décidé de s’implanter à Heaven, histoire de défier Lu et sa famille. Erreur. L’homme ressemble à un cochon. Petit, gros, au teint rose et au nez proéminent.

Ben on le liquide. Comme d’hab quoi.
Tu es sûre.
Pourquoi je douterais ?
On pourrait s’allier ?
S’allier ? mais pourquoi donc ?
Il possède l’Italie du Nord Lu… On contrôlerais l’Italie et l’Espagne. Si on remonte, à nous l’Europe.

Lu fit une pause. L’Europe… à quoi bon ?

On est ici. Pas en Europe. On doit élargir notre territoire ICI ! ou plutôt faire de l’île une plaque tournante. Pour ça qu’on va agrandir le port. Et j’y songe… pour lui là…Je m’en chargerais moi-même Daniele.

Invité

Lucrezia faisait les cents pas dans son bureau. Comment diable était ce possible.
Elle allait et venait comme un lion en cage. Vraiment elle ne se comprenait plus.
Elle tenta de se raisonner. Il fallait...il fallait... hum... ah oui ! Il fallait s'occuper. Elle retourna devant son bureau et s'installa. Comme une femme d'affaire. Comme une politicienne brillante. Voilà. Et puis elle avait du boulot après tout. Inutile de rêvasser.
Elle prit un dossier au hasard, feuilleta la première page... et soupira.

Demande de financement d'une école.

Passionnant. Elle lut en diagonale et signa. Un peu de culture ne tuait personne après tout. Et pas besoin d'analphabètes dans le coin. Elle referma le dossier et le posa plus loin. C'était réglé.

Qu'est ce qui était réglé déjà ?
Elle se gratta le front. Elle perdait la boule. Et maintenant ?
Ah oui les dossiers.

Elle prit le suivant. Déjà ses yeux se faisaient lourds.

Elle se revoyait dans ce couloir en train de crier après son avocat. Rien n'allait assez vite à son goût. Elle voulait vite divorcer. Et puis surtout ne plus ennuyer Greg. Que tout se fasse rapidement pour que Léonora n'en souffre pas la pauvre petite.
Elle le revoyait ce rustre qui l'embrassait.

Le dossier, surtout ne pas oublier le dossier.

Lucrezia l'ouvrit et se revoyait...

NON NON NON NON NON

Samuel leva les yeux.

Lu ? Un souci ?

Le petit traitre... Le vermiceau qui aidait son cousin. Lu secoua la tête. Elle devait oublier cet avocaillon de grande surface. Il ne méritait pas qu'elle repense à cette nuit là. Elle soupira encore et encore.

Non rien voyons.
Ne ments pas. Tu fulmines, tu es incapable de te concentrer sur un dossier, tu soupires et tu te parles à toi même. Soit tu as un souci soit tu es folle.

Lucrezia serra les lèvres. Le mot « folie » dans sa famille n'était pas forcément le terme le mieux choisi.

Mais non... juste... le divorce et la garde de Léonora qui me contrarient.
Thomas m'a assuré que le dossier avançait bien.
Oui mais bon... les appréhensions d'une mère ! Tu ne peux pas comprendre.
Tu devrais te focaliser sur « ensuite ». tu comptes faire quoi ? Officialiser ta relation avec Snivi ?
Hein ? Euh... Non. Enfin... Snivi est juste mon bras droit.
Pour ça qu'il boude depuis deux bons mois.
Oui.. voilà.

Elle reprit le dossier. Elle devait donner le change. Il devait savoir qu'elle avait craqué la nuit passée.

Bon... alors...

elle se concentrait. Tout allait bien. Le titre du dossier : commande d'un bateau. Hein ?
Ah oui... son cadeau. Pour son prochain célibat. Alooooors...

Lu !

La porte s'ouvrit à la volée. Une pensée fugace traversa Lucrezia : quel est le couillon qui la perturbe alors qu'enfin elle allait travailler. Mais le regard inquiet et furieux de Snivi stoppa net son délire.

Quoi ?
Le port ! Il... il y a eu une explosion.
Quoi ? Où ça ?
Dans notre partie privée. Tout est détruit. Y compris certains tunnels.
Tous ?
Non!
Merde ! Faut surtout pas les trouver. Tu sais ce qu'il te reste à faire n'est ce pas ?
Oui ça y est. Les secours et enquêteurs sont retardés. Et nos hommes se chargent de tout détruire le plus discrètement et rapidement possible.
Les moyens qui avaient été prévu...
Tous n'ont pas été mis en place. Mais à l'heure qu'il est il ne doit rester qu'un tunnel. Celui qui mène à l'entrepot où sont nos faux billets. Et... c'est une explosion préméditée Lu...

Invité

Alors ? Des infos ?
Lu... ma chérie.
Je ne suis pas ta chérie Slobodan.
ah... les choses sont plus graves que je ne pensais alors. Raconte moi tout.

Lucrezia adorait Slobodan. Son corps, mais aussi son fonctionnement. Si quelque chose passait bien avant le sexe c'était les affaires. Surtout les siennes.
Pour se garantir d'un homme comme lui, Lu n'avait pas hésité à faire des sacrifices. Quitte à lui laisser 2% de ses entreprises pour qu'il lui soit allier pour de bon. Et ça marchait.
Il ne se mêlait de rien sauf des sales besognes qui l'amusaient tant.

Lucrezia lui avait exposé en détail les petits soucis au port. Elle parla de l'explosion, des dégâts, des retards de chantier aussi.

Et on perd de l'argent ?

Lucrezia avait besoin de lui. Autant le toucher en plein coeur.

700 millions à peu prêt.
Merde ! Faut faire quoi ?

Snivi se leva alors et fit le tour en posant une main sur l'épaule de Lu. Elle lui prit la main et la posa sur sa joue.

Trouver des infos.
Je veux bien. Je commence par quoi ?

Snivi lui tendit un dossier.

Par ça. Un topo sur ma famille.
Pourquoi faire ?
Il semble que la famille de Snivi ait décidé de recommencer.
Hein ?
Snivi et ma soeur se sont mariés il y a... hum.... longtemps.
14 ans.
Oui voilà... bref... à l'époque nos familles avaient quelques... Conflits territoriaux. On les a massacré. Pour éviter la loi du talion... On a « offert » Isabella à Snivi. Comme ils s'entendaient bien... On les a marié. En échange la famille de Snivi avait une sorte de rente... sans droit de regard sur nos affaires.
Pourquoi ça change alors ?
je l'ignore.
Peut être parce qu'ils ne vont plus rien toucher.
Qui touche l'argent ?
Tout va un compte en indivision. Après ils se débrouillent.
D'accord mais pourquoi Snivi...
Le contrat de mariage stipulait que la rente serait finie si je venais à disparaître ou... si je demandais le divorce.

Lu cessa de taper sur le clavier de son ordinateur.

Tu as fait quoi ?
J'ai demandé le divorce. Il est temps que ça cesse et tu le sais.

Lucrezia pinça les lèvres.

Tu as sans doute raison mais vois les conséquences. Ça n'a pas tardé. Je ne veux pas d'une guerre sur l'île. On leur a laissé une chance il y a 14 ans...cette fois... Slobodan...Contacte Lara si tu peux. Et je veux être là. On va voir de quel bois je me chauffe.

Elle claqua sa main sur le bureau. Slobodan était enchanté. Il salua gaiment l'assemblée et sortit.

On fait quoi ?
De suite ? Tu vas me chercher Samuel. On va à notre tour. Les travaux ont été fini et tout est rénové. On va s'occuper de son cas. Et vérifie les informations sur Thomas. Si on peut le coincer on le fait maintenant. Moi j'ai à faire. On se retrouve dans deux heures.

Snivi se pencha et déposa un baiser léger sur les lèvres de Lu.

On en reparlera hein.

Elle frissonna.

Oui bien sur.

Elle se sentait étrangement nerveuse. Il allait divorcer alors. Ils seraient tous les deux libres. Elle ne s'était jamais posée la question en fait. Pour elle c'était évident. Tous les deux mariés, leur relation ne pouvait être que physique. Mais là... elle allait devoir remettre certaines choses à plat.

Elle prit le téléphone.

Juliana ? C'est Lu... j'ai besoin d'un service. Écoute... . enfin tu comprends... mon avocat est un salopard. Et j'ai besoin de divorcer...S'il te plait... trouve moi un avocat. Ou alors plaide pour moi s'il faut. Mais la pro du bareau c'est toi. Alors agis par pitié. Ou je dégomme Greg.

Lu raccrocha un peu brutalement. Il était temps d'en finir avec ça.

Invité

Éberlué et sous le choc. Il avait ramené Lu sans trop savoir comment réagir. Mentalement il comptait. Ça faisait six enfants ça. Un sacré boulot. Ils rentrèrent au palais du gouverneur. Lu pleurait sans trop savoir pourquoi. Daniele, franchement rentré avec Corentina la vit fondre en larmes dans les bras de la jeune femme. Snivi haussa les épaules, complètement dépassé.

Y a quoi ?
Juste des jumeaux et beaucoup de repos.
Vous allez faire quoi ?

Snivi marmonna à Daniele...

On change les plans. Le mariage sera repoussé. Vus ses nerfs... je l'épouserais à la naissance des petits.
Sur Heaven ? De toute façon il paraît que Juliana n'est pas prête de rentrer.
Non... on ira en Sicile. Là bas pas de risque d'avoir une presse trop... audacieuse.

Daniele opina de la tête.

Au fait les papiers du divorce sont bien passés comme prévus à Palerme. Tu seras officiellement libre dans un mois.
Et Lu ?

Validé la semaine prochaine. Tout est réglé. Chacun d'eux garde ce qu'il avait. Point.
Pour la petite ?
Ben là... ils verront avec le juge. Mais bon, Greg va pouponner avec sa nouvelle copine. Et il veut la voir de temps en temps. De toute façon je suppose qu'il a conscience qu'on le tuera plutôt que de lui laisser la garde de Léa.

Snivi s'installa sur un canapé pendant que Lu filait se coucher, suivie par Corentina qui semblait un peu insensible à cet excès d'hormones. Elle ne cessait de parler du port et des affaires courantes qui ont désormais lieu entre les iles.

Pour les petits ? Vous allez faire comment ?
Le juge a prononcé une décision contre Isabella. Elle va mieux mais tu sais comment c'est en italie.
Déchue de ses droits ?
En effet.
Et ? Elle va les adopter ?
J'aimerais bien. Ceci dit... faudrait déjà qu'elle accepte de m'épouser.