Un vieux rade...

1er post

Ambiance

Ca fait déjà plusieurs semaines que Sun est en place…débarqué direct de la cote américaine, il a gagné les bas-fonds du quartier asiatique. Une fouine au paradis des junkies, que rêver de mieux. Il loge au second étage d’un immeuble miteux, au dessus d’un vieil apothicaire, dans une ruelle sombre et humide. Son deux pièces pue la moisissure, mais il n’est pas regardant. Le verrou de la porte est mort, pas de problèmes, il condamne l’ouverture, préfère passer par l’escalier métallique devant sa fenêtre, plus pratique.

Commence à se faire connaître dans le quartier, même si personne n’arrive à le loger. Les caves le salut de la tête à son passage et personne ne lui cherche des noises depuis qu’il a claqué la tronche de deux malabars qui s’là pétaient. Une réputation de dur qui née doucement sur son sillage, fréquente les bars les plus mal famés, des fumeries d’opium illégales aux tripots des docks… du Bronx au quartier latinos, tout le monde connaît sa ganache, il y traîne sa carcasse dès la tombée de la nuit. Doucement, mais sûrement, les milieux commencent à mettre un nom sur sa silhouette…et sa première couverture a sautée…tu m’étonnes…John Smith…tu parles d’un blaze…faut être vraiment con à l’administration pour lui faire croire qu’on peut évoluer dans ce type d’affaire avec une telle fausse identité. Donald Dunk apparaît donc…et y’a du lourd derrière…mais partout, et pour tout le monde, c’est Sun. Et gare à celui qui demande pourquoi.

Ce soir, il boit un pot dans un rade du coté du quartier hispanique. Accoudé au bar, il attend un gars, sirote un whisky dans un verre à la propreté douteuse. S’est rencardé pour un gun…a besoin d’artillerie…et le mecton est en retard. Par la glace, derrière le comptoir, il vise la ganache de trois latinos, le dévisagent. Sun ne se la raconte pas…connaît bien ce genre de gars…attendent qu’une provoque. Lève son verre sous le regard du barman…ensuit son verre, tatouage sur les bras… aux couleurs d’un vieux gang qui a fait son temps. Sait bien que le vieux a calibre sous le bois élimé, en cas de couilles. Voit enfin le gars qui entre, semble traîner toute la misère du monde, l’air pas net… si des keufs l’ont suivit, l’est cuit. Se pose à ses cotés…rapide salut de la tête. L’autre sort un linge douteux de sous son blouson. P’tain, bonjour la discrétion. Coup de tête en direction des chiottes et Sun s’en va en premier.

A peine entré, le gonze se retrouve plaqué contre le carrelage jauni, le visage de Sun a quelques millimètres du sien.

-Qu’est-ce qu’tu m’fait…t’as rencardé les déks, ou quoi ?

-T’existe pas, mec…qu’est-ce qu’il prend…si t’en veux pas…lâche l’affaire.

Sun relâche le col du gonze, s’essuie la main sur le jean.

-Comment tu m’l’fait, là…

-Quoi, tu l’veux ou quoi…

Sun se dandine d’un pied sur l’autre, frotte son nez d’un geste nerveux…puis tend la main.

-Vas-y …envoie…

-Les biftons d’abords.

Sun sort une liasse de sa poche, billets roulés…les tend, relève rapidement lorsque l’autre veut les empocher.

-Tss tsss…montre j’t’dis. Tu t’la racontais t’a l’heure…vas-y, balance la quincail’.

L’autre prend un air pincé, mais sort le linge, écarte les pans, dévoile le chrome vieillit d’un gun…

Sans hésiter, Sun s’en saisit, pèse rapidement, regarde le canon…

-Oh, ma gueule…tu fous moi en plus ?

D’un geste brusque, il abat son poing armé de la crosse sur le crâne du vendeur. L’autre s’écroule en hurlant, le sang envahit son cuir chevelu. Un coup de pied dans la rotule et le voilà immobilisé pour un moment. Bon, forcement, il hurle plus. Du coup, la porte des chiottes vole en éclat sous la pression des trois gars aperçus plus tôt. Ils déboulent dans le couloir exigu. Sun leur accorde à peine un regard et se penche sur sa victime. Elle tente de saisir quelque chose dans son dos. Avant bras chopé au passage, coup de genou à la jointure du coude…craquement couvert par un nouveau hurlement.

-Alors, sale pute…t’as voulu m’l’a faire à l’envers…

Poursuit le geste du gars. Tombe sur le poids d’un calibre, le passe dans sa propre ceinture. En échange, de son autre main, lâche quelques doses de dopes dans un des poches du blouson. Se retourne vers les nouveaux venus…sont agressifs, mais Sun ne se démonte pas.

-Regarde mec…Brandit le calibre sous les yeux du premier. …T’as vu…voulait me r’fourguer son antiquité. Change d’interlocuteur. Tu ferais confiance à calibre comme ça, toi ? Secoue la tête. Sun se retourne face à celui qui gémit au sol.

-Enfoiré…j’devrais te dessouder. Balance un coup de latte dans les côtes. L’autre se roule sous la douleur…un sachet blanc tombe de la poche.

-Regarde…en plus il refourgue chez vous… Lui balance le vieux flingue dans la gueule. Sale raclure…

Les autres voient rouge, commence à entourer le mec au sol. Veut parler…pas le temps, une pluie de coups lui tombe sur le coin de la gueule.

Quelques temps plus tard, Sun trinque avec les trois baraques…sont content d’avoir coincé cette p’ite pute…ça faisait un moment qu’ils le soupçonnaient…maintenant, il repose dans la ave du bar…iront se débarrasser du corps plus tard. Il termine son verre, prend congé de ses nouveaux amis… enfonce ses mains dans les poches de son cuir. Il remonte le col, avance vers son taudis…un peu plus alourdit du poids d’un calibre…l’est pas venu pour rien.