Hôtel Goldy

Manu n'avait pas lésiné un sapin magnifique les attendaient dans la chambre luxueuse qu'elle avait prit à son nom. Et après avoir aidé son amie à s'allonger sur le lit, non sans mal car Célina ne se laissait pas aider facilement, elle alla donner des consignes au groom qui les avait accompagnées.

- Pourquoi fais-tu tout ça ? Lui demanda Célina surprise par les décorations dans la chambre.
- Pour le voisin commença Manu puis voyant le manque de réaction continua par pour toi pardi ! ... pour te rendre ce magnifique sourire que j'aime tant.

Elle ponctua sa phrase d'un baiser langoureux que Célina finit par lui rendre. Le temps passa jusqu'à la soirée du 24 décembre. Manu avait préparé une surprise de taille pour son amie et celle-ci d'humeur sombre n'avait rien vu venir, malgré les coups de fil incessant de cette dernière.

Ambiance Obligatoire
On entendit taper à la porte et plusieurs grooms apportèrent des fleurs données à Célina encore allongée, un vase pour les fleurs, une bouteille de champagne dans un seau, puis un petit chariot fut avancé jusqu'à la table présente dans la chambre, pendant que celle-ci était recouverte d'une nappe et le couvert installé. Une fois l'installation finie, les hommes furent remerciés par les deux jeunes femmes et eurent un pourboire intéressant.

Célina regardait les fleurs, ses fleurs préférées, une nappe aux couleurs du sud de la France et le chariot dont le menu était caché par des cloches en bronze. Manu prit les fleurs et les glissa dans le vase avant d'aider Célina à se lever.

Celle-ci se dirigea lentement jusqu'à la table observant attentivement tous les détails de la décoration en alternance avec son amie qui rayonnait de la voir ainsi. Une fois assise, Manu fit le service. Elle lui proposa une tranche de saumon accompagné d'une tranche de terrine de biche.

Avant de servir le plat chaud, Manu tendit à Célina un coffret étroit et long d'une vingtaine de centimètre. La jeune femme la regarda puis le coffret restant là figée.
- Tu n'ouvres pas ? Demanda Manu d'un ton mêlé de reproche et d'amusement.
- Si ! Si ! Répondit-elle puis ouvrit le coffret.

Il s'agissait d'une montre d'un grand chausseur de luxe. Elle était en argent et le bracelet était en cuir de grande qualité.
- Mais … c’est une folie ! … Tu n’aurais pas du ! Lui dit-elle en observant soigneusement le produit.
- Si ! Rien que pour voir ta tête… lui répondit-elle en riant.
- Je… je suis… mais j’ai rien pour toi ! Dit-elle rouge de honte et de joie mêlée.
- Tu te trompe ! Tu es en vie Célina… et contrairement à ce que tu pense, ça me suffit grandement. Elle avait fait le tour de la table tout en lui répondant et elle la ponctua d’un baiser fougueux, que lui rendit son amie passant ses bras autour de son cou.

- Bon c’est pas tout ça mais le repas est pas finit. Dit-elle en reculant légèrement son visage
- Merci ! Lui chuchota t-elle avant que Manu ne se lève et se rende à coté du chariot.
- De rien ma belle… voici du lapin à la sauce provençale accompagnée de pomme dauphine.

Elle présenta l’assiette devant Célina, prenant celle de l’entrée de l’autre main et se retourna pour en faire de même pour elle. La jeune femme plongea son regard dans le plat et sembla figée.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Elle se vit petite autour d’une grande table pleine de convive où tout le monde parlait fort et riait ensemble. La salle était grande, le plafond haut avec en son centre, un lustre de facture modeste, derrière elle une cheminée ou était encastré un chauffage. Sur le coté, juste derrière une porte, un sapin de Noël brillait décoré d'objets fait main et de guirlandes usagées.

A coté d’elle une jeune fille, plus grande et plus forte qu’elle, avec de longs cheveux châtains clair lui demandait si elle pouvait finir son assiette alors que la sienne était encore pleine la traitant d'avoir «un appétit de moineau ». Puis une femme d’age moyen au visage sévère gronda :

- Laisse la manger… elle doit finir son assiette, on doit toujours finir son assiette... surtout qu'elle a que la peau sur les os... et toi manges d’abord ce que tu as dans la tienne ! Tu te resserviras si tu as encore faim.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

- Célina !
Une main se posa sur son bras et elle vit le visage de Manu qui avait prit le sien dans ses mains.
- Célina ? Ça ne va pas ?
- Heu… si… pourquoi tu me demande ça ! balbutia t-elle en se reprenant.
- Tu es blanche comme un cachet d’aspirine et tu me répondais pas.
- Ah ! J’avoue que ce plat ne pouvait me faire plus plaisir… tu es un amour avec moi ! lui répondit-elle un sourire sur les lèvres sans lui parler de son réel trouble, pas maintenant, pas tout de suite.
- Tu es sur qu'il n'y a que ca ? demanda t-elle inquiète du teint pale de son amie.
- Oui ! Oui ! Si ce n'est que j'ai l'impression de rêver et que demain tout aura disparu.
- J’en suis heureuse si ça te fait plaisir ! Et je t'assure que ce n'est pas un rêve. Lui répondit Manu un grand sourire exprimant sa joie.

Elle retourna s’asseoir en face de Célina, un grand sourire sur les lèvres malgré son trouble encore présent, et elles mangèrent en silence s’observant du coin de l’œil et se faisant du pied de temps à autre. Le dessert fut une bûche pâtissière faite à la française arrosée de champagne comme le reste du repas l’avait été.

La fin de soirée fut encore plus festive et chaleureuse. Célina se sentant grisée par l’alcool avait perdu sa mine triste qu'elle avait gardée depuis sa « mésaventure » dansait et chantait des chants de Noël comme si elle l'avait toujours fait. Elles s’endormirent dans les bras l’une de l’autre, épuisée mais heureuse d’être ensemble.

Ambiance Obligatoire

Célina et Manu avaient passé une bonne partie de la matinée du 25 dans le lit entre dormir et faire des folies comme le dit si bien Emmanuelle.

Cependant, elle furent coupée dans leur élan par le téléphone de Célina qui se mit à sonner. Celle-ci finit par répondre après avoir du convaincre Manu de la laisser faire.
- Oui … c’est bien moi … un vol ?

Manu fait une grimace et se met à faire de grands signes pour que Célina refuse, voyant celle-ci se retourner, elle se lève en pestant et claque la porte de la salle de bain pendant que sa compagne finit la conversation.

- pour quand ? Quoi ? Vous avez pas plus loin ? Non désolée… les Etats-Unis ou l’Europe je veux bien … mais là c’est trop loin ! … Attendez ! Je suis en congés je vous le rappelle. Si vous m’appelez c’est que vous avez besoin de moi non ? … bon alors… hum ! … et vous pouvez pas changer avec une autre hôtesse ? ... Ah oui ! ... C’est beaucoup mieux en effet. Très bien ! Le vol est pour quand ? le 28 et le retour ? Ah ! … Oui parfait ! Pas de soucis… pourrais-je vous demander de… oui ! Mais là c’est pour une surprise. Très bien merci !

Quand elle raccrocha, Célina avait un sourire jusqu’aux oreilles même si elle était inquiète de la réaction de Manu à l’idée de ce vol. Quand celle-ci sortit de la douche, sa mine en disait long sur ces pensées. Célina ne dit mot, elle savait qu’il fallait la laisser parler la première, ce qu’elle ne tarda pas à faire :
- Célina mais qu’est ce qui te prend ? Je t’ai dit hier que s’il avait fallu que je te perde, jamais je ne l’aurais supporté ! Et toi ? tu voles. T’es devenue folle ?
- Oui … enfin non ! Mais tu m’as fait le plus magnifique des Noël… alors j’ai eu une idée.
- Mais enfin on te demandait pas si tu étais libre pour…
- Ta ta ta ta ! Plus un mot. Je te demanderais juste de préparer un léger bagage pour 3 jours.
- Quoi ?

Célina se leva et s’approcha lentement de sa compagne avec un grand sourire sur les lèvres.
- Tu m’as bien entendu !
- Heu ! Oui ! Mais…
- Pour une fois, fais ce que je te demande sans poser de questions s’il te plait. On a deux jours à passer ici toutes les deux alors profitons en d’accord ?
- Hum… d’accord !

Les deux jours se passèrent sans autres anicroches mais pas sans moment de tendresse sous la douche ou sous les couvertures jusqu’à l’heure du départ pour l’aéroport. Manu n’avait pas cessé, plus les heures passant, de demander leur destination mais Célina avait tenu le coup et n’avait pipé.
- Bon t’es prête Manu ? le taxi nous attend !
- Heu ! … mais vas-tu me dire où on va ?
- Tu le sauras bien assez tôt ! Allez ! je pars sans toi sinon je vais être en retard et rater l'avion.
- D’accord ! D’accord ! J’arrive.

Finalement les deux jeunes femmes sortirent ensemble après avoir donné les clefs à l’accueil et montèrent dans le taxi, pressées par l’heure que Célina ne cessait de faire remarquer.

http://www.deezer.com/track/541403

Ça faisait maintenant plusieurs jours qu’elle avait fait son tatouage, comme convenu, elle avait évité d’aller à la piscine, de l’exposer au soleil et tout autre contre indication… Elle avait retiré la compresse qui le protégeait et regardait l’œuvre dans un de ses nombreux miroirs.

Son client venait de partir, il avait remarqué le tatouage et lui avait susurré que ça la rendait encore plus sensuelle, parole qui avait fait sourire l’Escort. Il n’avait pu s’empêcher d’en tracer les contours du bout des doigts, redécouvrant cette partie du corps de son amante… Le toucher était moins douloureux et elle le laissa faire, se disant que ça pourrait peut-être introduire de nouveaux jeux…

Elle se trouvait dans sa salle de bain, faisant couler son bain et se regardant dans un miroir. Elle avait sa journée avant de voir son prochain client à 21h… journée qu’elle allait bien évidement utiliser pour prendre soin d’elle… c’était une autre partie de son métier qui était agréable.

Elle se glissa dans la baignoire à remous, appréciant la température de l’eau, la buée commençant à s’installer dans la pièce. Elle s’enfonce un peu plus dans la baignoire, plongeant sa tête dans l’eau… Alors qu’elle remonte, elle reconnaît la sonnerie de son téléphone professionnel. Elle s’essuie rapidement les mains et le visage et le visage pour décrocher, le portable se trouvant sur sa serviette.

"Bonjour Stephen.
Oui, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu.
Bien sûr que j’ai un moment pour te voir.
Tu voudrais qu’on se voit quand ?
Maintenant ?!
Tu me donnes 2h pour que je me fasse belle et je suis à toi.
Merci pour ce compliment.
A tout à l’heure Stephen."

Elle raccroche et repose le téléphone, elle soupire en pensant que sa journée soins personnels vient de s’envoler mais sourit la seconde suivante car elle sait ce que ça va lui rapporter… Stephen était un de ses premiers clients, elle ne le voyait pas aussi régulièrement que certains autres, mais en contrepartie, lorsqu’elle le voyait, il lui offrait de nombreux cadeaux onéreux, sans compter ses honoraires…

Elle finit de se laver et alla chercher dans son immense penderie une robe couleur argent au décolleté ravageur qu’il lui avait offert à leur dernier rendez-vous. Elle repassa dans sa chambre, alla ouvrir sa boîte à bijoux pour en extraire un collier, un bracelet et une paire de boucle d’oreilles. En quelques minutes le tout était du plus bel effet…

Elle était au volant de sa Lamborghini et partait le rejoindre dans un grand restaurant pour le déjeuner. Le programme était sensiblement le même à chaque fois… Le repas, une visite des boutiques les plus cher de l’île et enfin l’hôtel le plus luxueux où ils s’adonnaient à une toute autre activité…

Comme elle s’y attendait, le programme ne changea pas beaucoup, c’était un client qui avait ses petites habitudes et qui aimait qu’elles soient respectées et elle ne se faisait pas prier pour y plier vu la compensation… La plupart des hommes qu’elle voyait avait des petites habitudes, il lui était facile de les reconnaître dès le second rendez-vous… Ils avaient une psychologie différente et elle s’amusait en voyant leur diversité… Bien sûr, chacun venait pour la même chose et chacun obtenait satisfaction…

La seule chose qu’ils ne pouvaient obtenir, c’était un baiser… Elle le spécifiait dès le premier rendez-vous, elle n’embrassait pas… Il y en avait qui avait essayé, espéré en obtenir un mais aucun n’avait obtenu le moindre baiser. Cette règle, elle la suivait depuis le début de ce boulot et ceci pour une raison simple… Il ne devait pas y avoir de sentiments…

Ils quittent l’hôtel séparément… Elle les bras chargés de cadeaux et un porte feuille ayant du mal à fermer… Lui avec un sourire aux lèvres et l’esprit plus léger… Il était 19h30, elle avait juste le temps de rentrer chez elle, de prendre une douche, de se changer et de filer à son rendez-vous suivant qui avait lieu au Why not.

Nouveau Nombre de messages : 62 Age : 48 Date d'inscription : 16/05/2008

Damon se fraya un passage sans difficulté au milieu de la circulation encombrée, la moto s’avérait le moyen le plus appropriée à Heaven Island.
Par une vieille habitude, il se gara à quelques pâtés de maison du Grand Hôtel et termina le trajet à pied.
Il passa par la porte-tourniquet et pénétra le grand hall, n’obtenant même pas un regard du groom, occupé à guetter les clients sérieux et susceptibles de lâcher de bons pourboires.
Damon détonait parmi la cliente huppée, avec son jeans et son tee-shirt et ses bottes de moto.
C’était sans doute la raison pour laquelle un responsable vient le trouver et lui demanda d’une voix compassée

Monsieur ? Je peux vous renseigner peut-être… ?

Damon retira lentement ses lunettes pour jauger le maitre d’hôtel avant de répondre négligemment

Damon Blake, j’ai rendez-vous avec Monsieur Lanzski, Josh Lanzski

Le regard de l’employé s’éclaira

Mais bien sûr Monsieur, Monsieur Lanzski vous attend, si vous voulez bien me suivre.

Question purement formelle puisqu’il se mit aussitôt en route vers le salon-bar.
Damon traversa le hall à la suite de son guide, regardant la clientèle et l’activité de l’endroit.
Hôtel hyper chic pour clientèle ultra fortunée.
A une table isolée dans le bar, encore peu fréquenté à cette heure, Damon reconnut Josh Lanzski, il avait peut changer bien que les dernières photos parues dans la presse date de quelques années déjà, le milliardaire se faisant rare.
A 72 ans le milliardaire était encore fringant et dirigeait d’une main de fer les entreprises de constructions les plus cotées de New-York, Washington et des Bahamas.
Les cheveux grisonnants coiffés en arrière, un costume gris à fine rayures rehaussé par une lavallière et un foulard bordeaux, il était un chef d’entreprise de la vieille école, tenant à l’œil les jeunes loups guettant le vieux lion pour la curée.
Il travaillait beaucoup sur les chantiers du gouvernement ayant des filiales spécialisés dans la haute sécurité.
Dernièrement il essayait de percer le marché de Heaven Island quand sa fille avait disparue ici même.
Le vieil homme se tenait là assis bien droit à une table du bar quand Damon approcha

Monsieur Lanzski, Damon Blake

Ils se serrèrent la main, la poignée de Josh était ferme et énergique.

Monsieur Blake ! Je serais enchanté de vous rencontrer en d’autres circonstances.
Josh Lanzski mais appelez moi Josh, je ferais de même.
Asseyez vous je vous en prie.

Damon s’installa en face du magna de la construction, il commanda un café noir tandis que Josh demandait un doigt de cherry.

Une boisson de femme mais c’est mon péché mignon…

Il leva son verre en direction de Damon et gouta le breuvage sucré.

Je suppose que conformément à mes instructions Jack vous a déjà transmis tout ce que la police et moi-même avons pu collecter comme information sur la disparition de Laura.

Un silence, est-ce pour empêcher sa voix de trembler à l’évocation de sa fille.
Damon hocha la tête, et sortit son paquet de cigarette.
Il demanda

Cela vous dérange si je fume?

Non, allez y, moi-même j’ai du renoncer à ce petit plaisir il y a deux ans sur ordre formel de mon médecin.
Damon, je veux que vous trouviez ce qui est arrivé à ma fille.
La police me dit que le plus le temps passe, plus les chances de la retrouver vivante sont minces.
Mais si elle est morte Damon hé bien je VEUX le savoir.
Je vous paierais bien pour ce travail avec une prime substantielle si vous trouver ce qui lui est arrivé.
En attendant vous avez un accès illimité à ma villa, et l’appartement de ma fille.
Si vous avez besoin, passez me voir à mon bureau ou appelez moi à n’importe quelle heure sur mon portable.

Josh posa deux trousseaux de clefs et une carte de visite sur la table ainsi qu’un porte document

Voici les doubles des clefs et toutes les coordonnées dont vous avez besoin
Et le contrat de travail que je vous offre.
Lisez-le, prenez votre décision et si ça vous convient, remettez-le signé à mon avocat Mr Gary Bradford demain.
Rien de ce que vous avez fait ne vous lie à moi pour le moment si vous le décidez vous pouvez refuser.
Je sais Jack aimerait que vous acceptiez mais ne tenez pas compte de ça je vous en prie car je vous demande de travailler à temps complet pour retrouver ma Laura, quelque soit les risques.
J’ai beaucoup d’ennemis Monsieur Blake.

Damon hocha la tête et prit tout les documents

Très bien je vous ferez savoir ma décision demain.
Mais j’aimerais que vous me parliez un peu de Laura.

Dans ce cas allons diner et vous pourrez me poser toutes les questions que vous souhaitez.

Les deux hommes à l’allure si différente quittèrent le bar pour le restaurant.

Ce qui s'est passé avant

Découvrez James Horner!

Merci de mettre la musique... c'est elle qui m'a inspiré ce récit !!
Je remercie donc l'auteur derrière Chick

Cela faisait sept mois que les deux jeunes femmes étaient revenues sur Heaven. Dès que les parents d’Emmanuelle avaient donné signe de vie, et émit l’idée de revenir s’installer sur Paris, les deux jeunes femmes, surtout l’écrivain, comprirent qu’il était temps de partir. Célina n’avait eu aucun soucis pour leur trouver un vol. Et Manu continua son livre, correspondant avec son éditeur par courrier express ou internet. De service intérieur français, la Française était passée à des vols intérieurs américains, tenant ainsi sa promesse de rentrer tous les soirs. Cela n’avait pas évité quelques anicroches bien sur, mais dans l’ensemble, cela se passait mieux. Le roman arrivait à son terme et comme à chacun de ses écrits, Manu demandait l’avis de sa compagne, après chaque modification. Ainsi, la jeune femme s’était allongée sur le divan, l’exemplaire sur les cuisses. Mais, fatiguée par son voyage, elle s’était endormie en plein milieu.

Tout à coup, Manu qui était dans la salle de bain entendit un cri déchirant venant du salon. Elle se précipita et découvrit son amie, assise par terre, complètement affolée et en sueur. Voulant la rassurer, elle s’approcha doucement. Perdu entre rêve et réalité, Célina tenta de fuir la main salvatrice de sa moitié. Il fallut toute la patience et la douceur dont elle pouvait être capable pour calmer la folle furieuse qu’était devenue la jeune femme en cet instant. Dix bonnes minutes furent nécessaire à cela. Manu s’assit sur le canapé, la prenant dans ses bras et lui demanda de raconter ce qui avait bien pu la faire réagir de la sorte.

- Je… je comprends pas pourquoi j’ai fait ce rêve. Il n’y a rien dans ton livre qui parle de ce genre de chose, pourtant.
- Dis-moi ! On verra le reste plus tard.
- Et bien… Je…
- Tu ne risque rien… tu es avec moi. Tu sais que tu peux tout me dire, et je te promets que je dirais rien quoiqu’il arrive !
- Bon… d’accord ! Alors j’étais allongée dans un lit en train de dormir paisiblement, comme aujourd’hui. Quand d’un seul coup, une douleur vive me transperça le bas ventre, me vrilla la tête, un corps était sur moi.

Célina sentit son amie se crisper derrière elle, bien qu'elle ne dit pas un mot comme promis. Elle n’a effectivement rien écrit d’aussi extrême, juste des sous-entendus concernant le passé d’un de ces personnages récurrents. Elle se « contenta » de la serrer un peu plus contre elle pour l’encourager à continuer, ce qui fonctionna. Le récit se poursuivit donc :
- J’ouvre les yeux ! Mais je distingue à peine ses formes dans l'obscurité. Et cette douleur qui persiste. J’essaie de crier, de hurler : aucun son ne sort. Je tente de le repousser. Mais c’est comme si je n’avais plus aucune force. J’essaie de me dégager… de fuir… il n’a aucun mal à m’en empêcher. Le pire c’est que j’ai l’impression de le connaître. Sa peau, son souffle, ses gestes, tout me dit que je connais cet homme ! Mais je parviens pas à le reconnaître tandis qu’il poursuit de me...

Manu, sentant son amie flancher, la sert encore un peu plus contre elle, lui glisse des mots de réconfort, lui caresse délicatement les cheveux. Seulement une chose lui pose soucis et elle va pour demander si la jeune femme tente toujours de parler, d’appeler au secours. Célina sait que si elle ne termine pas là maintenant, elle ne pourra pas le refaire. Alors, comme si elle avait entendu cette question restée muette, l'hotesse de l'air poursuit :
- La douleur est telle qu’elle m’empêche de crier qu’il s’arrête… d'hurler que ça cesse! Non au contraire, il accélère... j'ai si mal ! Je suis incapable de dire combien de temps ça a duré en réalité. J'ai l'impression que c'est des heures. Et quand ça arrive… quand il a finit, il se redresse comme si c’était naturel, normal… satisfait de lui-même !
- Pourquoi as-tu crié ? L’as-tu reconnu finalement ?
- Oui et non ! Dans mon rêve, ou plutot cauchemar, il était mon petit-ami. Seulement sa tête ne me dit rien … Je ne me souvient même pas avoir eu un petit ami un jour !
- Remarque que c’est un peu normal en ayant vécu... ce genre de situation.
- Tu crois que ça m’est réellement arrivé, alors ?
- Oui je pense… mais la bonne nouvelle, c’est que tes souvenirs reviennent petit à petit. Tu vas voir bientôt ton amnésie ne sera qu’une mauvaise passe.
- De tant d’année… Et puis si c'est pour se souvenir de CA, autant...

Manu la fit taire en l’embrassant fougueusement, caressant doucement sa chevelure. Célina, d’abord réticente, finit par se faire emporter par la tendresse que lui témoigne sa compagne. Elle a besoin de cela à ce moment précis et Emmanuelle en ait parfaitement consciente : cela n'ira pas plus loin... du moins ce soir là. Les baisers et les caresses n'enlève pas le goût de la trahison, de la colère envers cet homme et elle-même, et surtout la honte. Une honte qui lui colle à la peau comme de la glue !

» Emma Goldy
» Emma Goldy
» l'hotel du port
» Un hotel miteux