Finalement, c’était sympa. Son séjour était autre que ce qu’il s’imaginait, mais bon. Sympa quand même.
Rentré dans la chambre d’hôtel, Paolo vérifia que tout était en ordre. Après une inspection minutieuse, il put conclure que personne n’avait bougé quoique ce soit. Pas un papier, pas un habit n’avait été effleuré, il pouvait en mettre la main au feu.
Il prit sa pile de chemise et la mit consciencieusement dans la valise, puis fit de même avec ses pantalons.
Il vérifia qu’il détenait encore les clefs de la consigne pour récupérer son arme. Puis il fit son sac de voyage pour les heures de vol à faire. Un roman, ses lunettes, son passeport et son billet d’avion, des somnifères si besoin était. Satisfait de ses préparatifs, il prit son téléphone portable et composa machinalement le numéro de Dora.
Mon chéri ? Tout va bien ?
Oui, je rentre demain. Tu seras à l’aéroport ?
Oui bien sur.
Lu va bien ?
En pleine forme, mais énorme. Elle vit toujours chez Juliana. Et les enfants de Snivi sont bien arrivés.
Quoi ? Les trois ? Tous à la fois ? Mais… La maison tient encore debout ?
Oui, il faut croire. Sinon, je voulais savoir… Lu ne vit plus chez elle, ni Danny, ni Snivi… On… On aménage ensemble ?
…
Je sais qu’on n’en a jamais parlé mais…
Oui. D’accord. On en parlera à mon arrivée tu veux bien ?
Oui oui, bien sur. Je… Je suis ravie.
Moi aussi. Je t’aime. À demain.
Une étrange exaltation s’empara de lui. Une famille, une femme et un enfant. Sa vie serait elle là ? Douce euphorie qui lui évitait de penser à ses actes qui hantaient ses nuits. Était il temps de faire amende honorable ?
Il savait que c’était impossible. Trop de chefs d’accusation, il était toujours en fuite. L’Italie le recherchait. Il mettait tout le monde en danger. Pourtant, travailler et savoir qu’en rentrant une femme qu’on aime nous attendait… c’était égoïste de sa part. si les autorités apprenaient avec qui Dora allait vivre. Mais il avait droit à cette part de bonheur. Sa sœur semblait avoir trouvé la sienne après tout.
Monsieur de Rossi ?
Hein ?
Surpris dans ses pensées, il n’avait pas entendu arriver Hou-Chi, son interprète et négociateur avec ses clients. L’homme de taille moyenne, dégageait une sorte de tranquillité de la classe moyenne. Ce genre de personnes médiocres que personne ne regarde mais qui connaissent tout et tout le monde. Il faut s’en méfier et gagner leur confiance.
Je venais vous saluer. Votre taxi arrive dans une demi heure. Il vous conduira directement à l’aéroport.
Merci à vous. Merci de votre aide.
Je suis navré que nous n’ayons pas eu réponse à vos interrogations.
Déjà il y a des pistes qui ont été éliminées. C’est un progrès en soi.
Certes. Permettez moi une requête.
Bien sur… Je vous écoute…
Transmettez mes salutations au Dragon quand vous le verrez.
Le dragon ? Vous parlez de Kim Young ? Mais il est retourné en Corée !
L’homme s’inclina et disparut prestement, laissant Paolo dans la doute le plus extrême.